Pour cette jeune génération, rencontrer un Wali, se confronter sans crainte à un Caïd, manifester, dénoncer, se poser en interlocuteurs lors d’une discussion au sujet de l’INDH, par exemple, faire valoir son point de vue, organiser des manifestations, des évènements, des activités culturelles, sociales, humanitaires… sont choses naturelles –et c’est ce qu’elles sont, en fait –, mais il leur suffit de dialoguer avec leurs parents, leurs frères aînés, pour qu’ils se rendent compte à quel point ce sont là des avancées, à quel point cela représente un changement.
20 ans, c’est à la fois beaucoup, et à la fois bien peu, 20 ans c’est cependant la possibilité de faire un ‘’bilan d’étape’’.
Pour ce qui me concerne, c’est ce rapport Roi-Jeunes, ces progrès réussis dans le domaine de la jeunesse qui me passionnent, moi qui ai eu la chance –dans les années 90, lorsque le Roi Mohammed VI était Prince Héritier et que nous étions un certain nombre, en France, jeunes issus de l’immigration marocaine, à émerger sur la scène sociale –de mesurer à quel point le futur Roi portait intérêt à la jeunesse.
Et de fait, cela s’est avéré juste, si aujourd’hui je devais résumer d’un trait ce qui me paraît le plus important en matière de progrès pour la jeunesse, je dirais que Sa Majesté le Roi ‘’a allumé les lumières, ouvert les portes et les fenêtres, pour toute la génération actuelle’’.
Il leur a donné l’envie d’oser, l’envie d’avoir envie!
Et c’est là la base, les fondations sur lesquelles se construit et se construira l’avenir.
Faire sauter les verrous, desserrer les carcans dans notre pays est une œuvre titanesque, qui demande du temps, de l’énergie, de l’endurance.
C’est le premier acquis du règne du Roi Mohammed VI en ce domaine, et quel acquis!
Petit à petit, les jeunes gagnent des parts de terrain, ils s’imposent en tant qu’interlocuteurs, il leur faut maintenant être reconnus en tant qu’acteurs, ce qu’ils sont dans les faits: la culture, l’action sociale, humanitaire, le sport… leur doivent la vivacité qu’ils connaissent.
Dans tous ses discours Sa Majesté le Roi insiste sur l’intérêt à apporter à la jeunesse, il ne cesse de tracer la voie, il serait faux de dire qu’il s’agit d’un chemin parsemé de roses –il y a tellement à faire et les poches de résistance existent– et certains propos qui consistent à nier toute avancée sont une tromperie…
De la parole aux actes: si le Souverain trace les grandes orientations, l’application sur le terrain dépend bien entendu de ceux à qui en revient la charge: élus, conseils, agents d’autorité… Et là aussi les chantiers ont été lancés : INDH, Fondation Mohammed VI pour la Réinsertion, Académie Mohammed VI de Football…
L’INDH par exemple, parlons-en: voulue par le Souverain comme un ‘’chantier de règne’’, elle est effectivement l’outil dont nous avions besoin. Or, son impact sur les jeunes ne correspond ni aux orientations fixées par le Roi, ni aux moyens déployés, pour cause de défaillance d’application et de gestion: terrains de sport de proximité ‘’payants’’ –là aussi il a fallu que ce soit Sa Majesté le Roi qui y mette le holà–, centres culturels, espaces sociaux ‘’mal opérants’’, et que dire de ces Maisons de Jeunes ringardes, obsolètes et ne correspondant ni aux goûts ni aux attentes des jeunes… Tant que les jeunes eux-mêmes –via leurs associations, leurs clubs– ne seront pas concrètement associés à la gestion et à l’animation, nous souffrirons de ce handicap.
Le Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative pourrait, d’ailleurs, répondre à cet impératif…
Si les jeunes ne font plus confiance à grand monde –et cela est vrai dans la quasi totalité des pays– le lien entre eux et le Roi est, chez nous, ce qui permet de dépasser nombre de blocages: avec tout le respect qui Lui est dû, Sa Majesté Mohammed VI est perçu comme ‘’le Roi-Grand-Frère’’, son mode de vie, sa simplicité, sa proximité, son empathie le rendent à la fois proche et disponible.
Un exemple vient illustrer ce sentiment, si nombre de ‘’bien-pensants’’ n’ont pas encore saisi la portée du ‘’selfie royal’’, c’est qu’ils ne connaissent rien à la jeunesse: le selfie et ce réseau social qu’est Instagram sont, pour les générations actuelles, le moyen de communication par excellence, le vecteur par lequel ils expriment en une image bien plus qu’en 1000 mots. Le Roi l’a compris, et s’y prête avec succès.
Chacun de ses selfies est scruté, discuté, dans chacun de ses déplacements des jeunes déploient des trésors d’ingéniosité pour réussir LE selfie avec lui, et il suffit d’être attentif pour y décoder nombre de messages!
Enfin s’il est un autre domaine –étroitement lié à la jeunesse d’ailleurs– qui a connu un extraordinaire bond en avant, il s’agit bien de la Culture et des Arts en général –depuis toujours, et partout–. Le Souverain les a encouragés, soutenus: du Boul’vard à la remise du Ouissam à de jeunes artistes, des musées à Mawazine, de la rénovation de monuments au Street Art!
Là aussi, les jeunes ont saisi la perche tendue et se sont engouffrés dans ces espaces de création, d’expression, de liberté. Là aussi, la connivence Roi-Jeunes est palpable, et là aussi, c’est ce lien qui permet les belles réalisations que l’on connaît et l’émergence de tant et tant de nouveaux talents…
Ce regard que je me suis permis de porter sur les 20 ans d’un règne, sur les 20 ans d’une génération, n’entre pas dans les schémas classiques de ce qui pourra être publié par ailleurs… C’est bien normal et c’est tant mieux: il est le regard d’un acteur de terrain, ‘’au cœur du réacteur’’ qu’est la jeunesse de notre Pays, et si à mon modeste niveau il m’est possible d’en témoigner ainsi, c’est parce que le cœur battant de notre Nation est bien dans ce triptyque du quotidien: Roi-Jeunesse-Culture.
Ahmed Ghayet
Acteur associatif et culturel
Auteur
Président de l’association Marocains Pluriels.