Alors que Mohamed Ouzzine était terré chez lui, triant au peigne fin les canaux médiatiques via lesquels il dément ses supposés déclarations, se tenait, samedi soir à Marrakech, le banquet de la FIFA. Sepp Blatter, pape de la planète football, avec sa compagne en «takchita» marocaine, et Michel Platini (futur pape des adeptes du ballon rond) présidaient la table FIFA. Florentino Pérez, président du Real Madrid, était à la table de son club avec, entre autres, deux anciennes gloires des Merrengues: Butragueno et Morientes. Faouzi Lakjaâ, de son côté, officiait à la table du comité directeur de la fédération marocaine. Ca se passe visiblement ainsi dans les banquets FIFA: Chacun dîne dans son camp…
Entre Tangia marrakchi au brocoli et poulet aux abricots confis, les speachs prononcés par Blatter et Lakjaâ étaient des plus mielleux. «Je remercie les Marocains qui nous ont accueillis avec cœur», a déclaré le président de la FIFA qui a félicité la Fédération pour sa réactivité après le scandale de la pelouse du complexe Moulay Abdellah. «C’est quand il se passe des erreurs dans l’organisation que l’on se rend compte de l’efficacité d’une organisation et sa capacité à s’adapter», a ajouté Blatter qui considère cette édition du Mondialito comme une réussite. Il n’en fallait pas plus pour que Lekjaâ se lance dans un discours d’auto-congratulation qui ne dupe plus personne. «Avec le succès de ce Mondialito, le Maroc a montré sa capacité à abriter des événements mondiaux», a martelé le président de la fédération. Il veut sans doute effacer de sa mémoire les images du samedi 13 décembre: des jardiniers du complexe Moulay Abdellah épongeant la pelouse à triple coup de «stel, kerrata et jeffaf». Un hat-trick mémorable qui a fait le tour du monde cathodique, faisant du Maroc la risée de la planète foot, provoquant même des fous rires sur des plateaux de télévisions étrangères.
Cette Hchouma mondiale, Mohamed Ouzzine, le ministre des Sports, en a fait les frais. Vendredi en début d’après-midi, une dépêche MAP est venue lui signifier qu’il devait s’éloigner de cette compétition, qu’il était indésirable au cours de cette finale à laquelle était attendu le Prince héritier, surtout que lui-même était concerné par l’enquête des irrégularités de la pelouse. Telles étaient les instructions royales transmises au chef du gouvernement. Un carton rouge de Mohammed VI qui pourraient probablement signifier une future expulsion du ministre de l’Exécutif. C’est normal alors qu’Ouzzine ait été le grand absent de ce banquet de la FIFA. Du moins dans les discours officiels.
Car autour des tables du Palais de Congrès ou encore dans le hall du Sofitel, où la soirée s’est prolongée, le sort d’Ouzzine est sur toutes les lèvres. Les hommes et les femmes travaillant dans les coulisses de l’organisation du Mondialito, ceux-là même qui lui servaient hier du «Monsieur le ministre», ricanent au sujet de sa disgrâce. Ils relayent même les dernières blagues sur Ouzzine: «Il a mis son billet à la tribune officielle en vente» lance l’un. «Non, il veut l’échanger contre un billet catégorie 3 et une casquette de la Pena Casa Madridita pour passer incognito», surenchérit l’autre. C’est comme ça chez les passionnés de foot: ça aime bien chambrer. Alors notre ministre, qui a réussi l’exploit de réinventer la discipline avec son complexe rénové juste bon à accueillir un match d’aqua-foot, va forcément en prendre pour son grade. Et pour un bon bout de temps encore…