Cet été, au Maroc, notamment dans les villes prisées des touristes, les vacances ont souvent été entachées par des incivilités en tout genre. Des plages de cités balnéaires qui croulent sous les ordures comme à Mohammedia mais aussi des villes devenues le terrain de jeu de rodéos urbains comme à Marrakech… À mesure que les villes touristiques voient leurs populations grossir pendant les vacances estivales, elles subissent le contrecoup de comportements qui relèvent au mieux du manque d’éducation, au pire d’une dangereuse propension à semer le chaos.
Parmi ces comportements socialement inadaptés qui témoignent d’un manque de respect total des autres et des autorités, les méfaits commis par ceux qui ont désormais gagné le sobriquet de «french arabics», autrement dit, les Français d’origine arabe, et plus particulièrement marocaine, algérienne et tunisienne. Ce petit nom, ils l’ont gagné dès 2020 en Thaïlande, ainsi désignés par une population exaspérée par les incivilités commises par ce tourisme tout droit venu de France.
Cet été, le Maroc est devenu le nouveau terrain de jeu de ces touristes français pour qui les vacances sous le soleil flirtent avec la mort et la défiance de l’autorité. Fiers de leurs exploits qu’ils documentent pour mieux «briller», c’est sur les réseaux sociaux qu’ils partagent les vidéos de leurs rodéos urbains. Courses de voitures dans la ville, jardins de résidences privées transformés en terrains de moto cross, des passants et des motocyclistes qui se font percuter par des voitures de luxe lancées à toute allure… Le phénomène est tel que les autorités marocaines ont réagi avec des opérations coup de poing menées sur une période de dix jours à Marrakech mais aussi à Fès, Casablanca, Tanger et Salé. Selon une source judiciaire marocaine, ces opérations ont permis l’arrestation de 2.596 personnes, l’immobilisation de 415 véhicules, la verbalisation de 1.000 personnes… Des chiffres qui donnent le tournis et qui font la Une de la presse française. Le magazine Le Point salue l’opération sécuritaire marocaine en la qualifiant d’«impressionnante», tandis que les médias Atlantico, Valeurs Actuelles et jusqu’à Charlie Hebdo s’emparent du sujet pour dénoncer en chœur un phénomène français qui s’exporte ailleurs.
En commentaires de ces articles, les internautes français font part de leur affliction, à l’heure où Kamylia, une petite fille de 7 ans a trouvé la mort à Vallauris, près de Cannes, fauchée par un motard de 19 ans qui faisait une roue arrière et grossit le rang des victimes des rodéos urbains et des refus d’obtempérer. Entre Marocains et Français, l’agacement est partagé et de part et d’autre, on se renvoie la balle, en tentant de démontrer qui de la poule ou l’œuf est apparu le premier. À la question de savoir s’ils sont plus français que marocains ou l’inverse, parce qu’il faut bien trouver un responsable à cette débâcle, un influenceur marocain cité par Le Point tranche ainsi: «Il n’y a aucun Belge, Néerlandais ou Espagnol d’origine nord-africaine qui fait ça. Ce sont toujours, toujours, toujours des gens de France. Ces gens-là sont le produit de votre éducation, de vos politiques de la ville, du laxisme de votre justice. […] Il y a un problème avec ces gens-là».
À l’heure où bon nombre de MRE caressent l’idée de s’installer au Maroc pour y mener une nouvelle vie, loin de la montée de l’extrême droite en Europe, la réponse ferme des autorités marocaines à ce type de comportements donne le ton. Bienvenue, mais pas à n’importe quel prix.