Les amateurs de sardines, ce poisson populaire très prisé, l’auront remarqué. Leur prix a flambé ces dernières semaines, au point de devenir inaccessible pour les ménages aux revenus modestes.
Dans son édition du vendredi 24 janvier, Al Akhbar tente d’expliquer pourquoi le prix de la sardine, également surnommé «poisson des pauvres», a récemment atteint 30 dirhams le kilo sur les étals des marchés de certaines villes. Dans d’autres, ajoute la même source, il a même complètement disparu depuis plusieurs semaines. Pour certains, cette situation est due aux changements climatiques qui ont affecté les stocks halieutiques. Pour d’autres, c’est l’entrée en vigueur, depuis le 1ᵉʳ janvier, de la période de repos biologique qui est en cause. Qu’en est-il réellement?
S’il n’apporte pas de réponse précise, Al Akhbar s’est néanmoins plié à une analyse approfondie du marché. Au cours des dix dernières années, la flotte de pêche côtière, en particulier celle spécialisée dans la pêche des sardines, a connu une augmentation considérable, atteignant 1.862 unités au niveau national, avec une capacité totale de 103.641 tonnes. Cette expansion est due à l’abondance de sardines sur les côtes nationales, notamment dans le sud du Maroc, de Sidi Ifni jusqu’aux frontières méridionales du royaume. Cette abondance permettait de pêcher ce poisson tout au long de l’année, sans interruption. Cependant, explique Al Akhbar, cette activité intensive, combinée à un retard dans l’adoption d’un plan d’aménagement des pêcheries, a entraîné une diminution progressive des stocks au fil des années.
Ainsi, entre 2018 et 2023, la biomasse des poissons de petite surface a chuté de 25%, tandis que le stock de sardines a diminué de 41 %. En 2022, la production totale de poisson a atteint 1,552 millions de tonnes, dont 989.000 tonnes de sardines, ce qui représente une augmentation de plus de 60 % du rendement national.
Bien entendu, les changements climatiques peuvent également être tenus pour responsables. Les variations climatiques, notamment le phénomène El Niño, ont en effet aggravé la situation des stocks en provoquant une hausse des températures marines. Cela a perturbé la biomasse des sardines, les poussant à migrer vers le sud du pays, où elles sont majoritairement utilisées dans les conserveries et les usines de fabrication de farine et d’huile de poisson. D’ailleurs, sur ce point, Al Akhbar rappelle qu’une grande quantité de poisson est aujourd’hui encore destinée à ces usines. Ces unités, explique le quotidien, achètent les sardines à bas prix, environ 2,15 dirhams le kilogramme. Ce faible coût de production et la forte demande rendent d’ailleurs ce secteur très rentable.
Par ailleurs, le journal évoque également la question des repos biologiques destinés à préserver les stocks. Pourtant basées sur des recommandations scientifiques de l’Institut national de recherche halieutique, ces périodes de repos suscitent des tensions entre les grands armateurs et les petits pêcheurs. Les premiers ne les respectent pas pour éviter une perte de revenus.
Al Akhbar conclut que la pression exercée sur les stocks, les effets du changement climatique et l’orientation des captures vers les usines de transformation continuent d’affecter la disponibilité de ce poisson sur les marchés marocains. La conjonction de ces facteurs se répercute sur le prix de vente aux citoyens.