Vidéos. Affaire Khadija: les zones d'ombre

Khadija, 17 ans au moment des faits, a été tatouée de force. 

Khadija, 17 ans au moment des faits, a été tatouée de force.  . DR

Victime présumée d'un viol collectif, Khadija a suscité une vague de solidarité dans les quatre coins du monde. Mais son témoignage est depuis peu remis en cause par plusieurs déclarations. Détails

Le 30/08/2018 à 15h57

L'affaire Khadija prend une autre tournure... Si l'histoire de la jeune fille a ému tous les Marocains lorsqu'elle a été révélée au grand jour, certaines déclarations des parents des agresseurs présumés de la jeune fille, ainsi que celles d'une spécialiste en détatouage, mettent en doute la version de l'adolescente, incitant même plusieurs personnes à se désolidariser d'elle...

Parmi ces déclarations, celle d'un homme affirmant, dans un reportage réalisé par Soltana, que Khadija n'a pas été enlevée et qu'elle a fugué de son plein gré. "Elle n'a pas été kidnappée, sa propre mère disait que sa fille fuguait. Elle fume du haschich, nage dans l’oued avec les garçons avec qui elle trainait régulièrement".

"Je voyais cette fille dans les plantations d'oliviers. A chaque fois que je passais par là, je la voyais rigoler avec les garçons, sniffant du 'silicioune' et buvant de l'eau de vie", ajoute un autre individu. 

Dans une autre interview, la mère de l'un des accusés affirme elle aussi que Khadija aurait fugué depuis des mois au vu et au su de ses parents et qu'elle fréquentait de son plein gré ses présumés ravisseurs. "Elle venait nous voir devant la maison, se mettait à siffler et sortait avec les garçons. Elle fume, elle boit et éteint elle-même ses cigarettes sur sa peau. Tout le monde le sait à Oulad Ayad"

Quant aux tatouages, ils sont antérieurs aux faits selon elle. "C’est elle qui demandait à ce qu’elle soit tatouée. Elle faisait tout ça au vu et au su de son père et de sa mère qui l'a poussée à la prostitution" ajoute-t-elle. 

Dans la même vidéo, un homme se demande pourquoi les parents de Khadija, qui a disparu pendant deux mois, n'ont jamais pensé à s'adresser aux autorités et à porter plainte. Selon lui, c'est suite à l'intervention d'une association locale que le père de l'agressée a commencé à se plaindre. 

Autre déclaration ayant contribué à semer le doute sur la véracité des propos de Khadija, celle de cette dame qui se présente comme spécialiste en détatouage. La femme, qui a rendu visite à l'adolescente, affirme que les tatouages sont anciens. "La peau est parfaitement cicatrisée, les tatouages remontent donc à trois ou quatre mois au minimum."

Par ailleurs, selon elle, les tatouages ne peuvent être traités au laser car ils ont été faits avec une peinture murale, acrylique. "Aucun laser ne pourra lui retirer ces cicatrices et c'est trop dangereux pour elle", ajoute-elle.

On ignore si les propos avancés par cette dame sont fondés ou pas. On ne connait pas ses motivations réelles et elle n'a pas été mandatée par un tribunal pour faire une expertise et la divulguer ainsi en portant un jugement aussi péremptoire... Mais force est de constater que sa vidéo fait le tour des réseaux sociaux depuis hier, poussant plusieurs personnes à se désolidariser de Khadija. 

Pour rappel, douze hommes, âgés de 18 à 28 ans, ont été placés en détention préventive, avec différents chefs d'accusation, comme "traite d'être humain sur mineure", "viol", "menace de meurtre", "torture et usage d'arme causant des blessures et séquelles psychiques", "constitution d'une bande organisée, enlèvement et séquestration", "non-dénonciation de crime" et "non-assistance à personne en danger". Ils comparaitront devant le tribunal de Béni Mellal le 6 septembre. Et même s'il existe encore des zones d'ombre dans le récit des sévices subis par Khadija, rien, absolument rien ne peut justifier ce qu'une bande de douze gaillards pourrait lui avoir fait subir, si cela s'avère vrai .

Par Rania Laabid
Le 30/08/2018 à 15h57