Une drogue venue de l’autre bout du monde aurait fait sa première victime au Maroc. «Un jeune homme de 23 ans a été admis aux urgences de sa ville natale dans un état d’agitation extrême. Il a été pris en charge symptomatiquement. Selon ses amis, il aurait consommé de la flakka, par voie orale, au cours de la soirée», indique le Dr Narjis Badrane, chef du laboratoire de toxicologie du CAPM.
Le 360 a insisté auprès du corps médical pour identifier la ville où réside la personne concernée, voire l’hôpital où elle a été admise. Sans succès, les médecins du centre anti-poison ont opposé un refus catégorique, arguant le respect du secret médical.
«C’est le premier cas que nous avons reçu au Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc et nous n’en n’avons pas reçu d’autres. En général, nous traitons des cas d’intoxications aux drogues usuelles: cannabis, cocaïne, héroïne, MDMA, ecstasy. Quand nous avons affaire à un cas d’intoxication, le médecin traitant sur le terrain va appeler le centre anti-poison. Il y a toujours un médecin du CAPM au bout du fil 24h/24 qui va lui transmettre les informations nécessaires: toxique le plus probable, comment le traiter, puis il va conseiller d’envoyer des échantillons de sang, d’urine et de lavage gastrique au laboratoire de toxicologie du CAPM», poursuit-elle.
Pour retracer la genèse de cet NPS (nouveau produit de synthèse), c’est du côté de la Chine qu’il faut se pencher. Dans des laboratoires clandestins, des apprentis chimistes ont créé le cocktail en y associant de la méphédrone (euphorisante), de l’alpha-PVP (molécule 50 fois plus puissante que la cocaïne) et des substances hallucinogènes dérivées du khat, dont les propriétés se rapprochent des amphétamines.
Interrogé par Le360, Omar Battas, professeur en psychiatrie et professeur à la faculté de médecine de Casablanca, estime quant à lui que la flakka, ainsi que d’autres NPS sont en libre circulation au Maroc, mais ne sont pas détectés faute de moyens. Il ajoute que, malgré sa composition douteuse, cette drogue de synthèse peut se trouver en vente libre dans plusieurs pays sous la dénomination «sels de bains» ou «engrais de plantes», sans plus de précisions sur sa dangerosité.
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«Concernant le jeune homme intoxiqué, nous ne pouvons pas être sûr que c’est à la flakka, car les signes cliniques sont semblables à d’autres drogues. Malheureusement au Maroc, nous n’avons toujours pas de laboratoires qui peuvent confirmer ou infirmer que c’est bien le premier cas de flakka du pays. Au niveau du centre anti-poison, nous avons un laboratoire, mais nous manquons des réactifs nécessaires afin de détecter les NPS (nouveaux produits de synthèse), dont fait partie la flakka. C’est très dur de s’en procurer avec les législations en vigueur», affirme le Dr Narjis Badrane.
«L’alerte que nous avons émis sur le cas de ce jeune homme était un appel à tous les laboratoires avec lesquels nous travaillons en collaboration que ce soit le laboratoire de police scientifique, de gendarmerie ou encore les laboratoires du ministère de la Santé. C’était un appel pour commencer à développer ce type de rechercher au niveau national», continue-t-elle.
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Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, publié en juin 2014, dès la première prise, le cerveau libère une forte dose de dopamine, de sérotonine et de noradrénaline stimulant ainsi le système nerveux central et faisant ressentir un incommensurable bonheur à l’usager.
Moins onéreuse que le crack ou la MDMA, tout en étant aussi addictive, la flakka tue, le plus souvent par arrêt cardiaque, mais ne zombifie pas. «Des histoires de crimes horribles commis sous l’influence de drogues ont été inventées depuis plus d’un siècle », commente Joseph Palamar, professeur à l’université médicale de Langone sur le site The Conversation.
«Le mythe de la drogue du zombie prend racine dans un fait divers. En mai 2012, à Miami, un homme nu et supposément sous l’emprise de la flakka a mangé le visage et les yeux d’un sans-abri. Toutefois, les tests toxicologiques ont conclu que cette drogue n’était pas présente dans le corps de l’agresseur».