L’effort de se conformer à l’article 7 de la loi, qui vise notamment à assurer l’utilisation de la langue amazighe par les administrations, est réel. Cependant, ces écrits ne respectent pas toujours les règles d’orthographe et de grammaire de cette langue.
Sur la façade de la commune urbaine de Casablanca, un panneau portant la mention «Commune de Casablanca» est écrit en trois langues : arabe, tamazight et français. Cela montre que les responsables de la capitale économique mettent en œuvre les disposition de la Constitution qui stipule que le tamazight est la deuxième langue du Royaume après l'arabe. Cependant, il suffit de lire l’inscription avec attention pour se rendre compte de l’absence de rigueur dans l’écriture en tifinagh, qui, comme toute langue, obéit à des règles strictes.
La "Commune de Casablanca" était écrite en lettres tifinagh comme ceci: "JMA3T ALDRL ALBAYDLA". Un simple gribouillage qui n'a aucun lien avec le tamazight. Quelques mètres plus loin, la Chambre de commerce et d'industrie et de services de Casablanca-Settat. Le constat est pire encore. Ici, les caractères en français ont été simplement remplacés par les lettres tifinagh correspondantes, formant un mélange de mots incompréhensibles.
Ces deux institutions ne sont pas les seules à faire preuve de "légèreté". Il existe plusieurs autres institutions, censées protéger cette langue, qui commettent les mêmes erreurs. Lahcen Amokrane, professeur de langue amazighe à la faculté des lettres et sciences humaines d’Ain Chock, affirme que de nombreuses institutions publiques ont «massacré la langue amazighe en raison de fautes d'orthographe et de grammaire dans leurs bannières».
Le professeur, spécialiste de la langue amazighe, explique, dans une déclaration pour Le360, que «ces erreurs étaient tolérables au début du processus d'application du tamazight dans les espaces publics, mais elles ne sont plus acceptables aujourd'hui».
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Il explique que certaines institutions ont recours à l'écriture de mots en arabe ou en français en utilisant les lettres tifinagh, tout comme d'autres ont recours à l'écriture de gribouillis sans signification réelle en tamazight.
Afin d'éviter ces erreurs grotesques, Lahcen Amokrane a appelé à «obliger les institutions à traiter avec des organismes spécialisés qui gèrent la traduction en langue tamazight, tout en travaillant à élargir la base de l'enseignement de la deuxième langue du pays dans les établissements d'enseignement afin de rendre justice au tamazight en tant que langue constitutionnelle du pays».