Mohamed Dkhissi, dans une interview accordée à M24, la chaîne TV de la MAP, a tenu à rappeler que cette officier de police suspendue de ses fonctions, qui a récemment évoqué publiquement une affaire de harcèlement sexuel dont elle avait accusé, en 2016, Aziz Boumehdi, chef de la Sûreté préfectorale, avait été auditionnée au sujet d'une plainte qu'elle avait déposée contre plusieurs agents de police, dont ce chef d’arrondissement et plusieurs de ses éléments, en plus de membres de la cellule de communication de la PJ de la ville d'El Jadida.
Wahiba Kharchich, a expliqué Mohamed Dkhissi, avait également déposé plainte contre un de ses voisins qu’elle accusait de harcèlement sexuel et de tentative de viol.
Le directeur central de la PJ a de plus précisé que Wahiba Kharchich, qui avait rejoint les rangs de la Sûreté nationale en 2003, a demandé en 2016 une audience auprès du chef de la Sûreté préfectorale, Aziz Boumehdi, qui l’avait reçue en présence de responsables administratifs et avait écouté sa plainte.
Le responsable sécuritaire a rappelé que l’officier suspendue de ses fonctions a fait l’objet, lors de la période de son stage de formation, de plusieurs remarques d’avertissement suite à des violations des règles de discipline et a été avertie au sujet du respect qu'elle devait dans le cadre de ses fonctions à ses collègues et aux formateurs pédagogiques.
En 2014, a également expliqué Mohamed Dkhissi, cette officier de police avait reçu un avertissement, après avoir agressé une collègue alors qu'elles se trouvaient en mission à Azemmour.
Après avoir entrepris toutes les procédures juridiques et administratives requises dans cette affaire, le service administratif de la ville d’El Jadida avait envoyé ses conclusions à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), avant que l’Inspection générale n’entre en ligne en écoutant l’officier suspendue, a déclaré Mohamed Dkhissi.
Cette affaire de harcèlement sexuel, dont Wahiba Kharchich a prétendu qu'elle remontait à 2014, a-t-il ajouté, a été soumise au directeur général de la Sûreté nationale et à la direction de la police administrative, car elle ne concernait plus que le volet administratif, prérogative de l’Inspection générale, mais l'affaire avait ensuite pris l’aspect d'un délit relevant du droit commun.
Mohamed Dkhissi a précisé que les instructions écrites qu’il avait reçues du directeur de la sûreté nationale indiquent qu'il faut appliquer la loi, ne ménager personne et aller jusqu'au bout. Le directeur central de la PJ avait ensuite demandé à la Brigade nationale de la police judiciaire d’ouvrir une enquête, après avoir informé le Parquet compétent et écouté toutes les parties, conformément aux dispositions de la loi.
Le procureur général du Roi, a-t-il souligné, a ordonné d’écouter l’officier suspendue, avant qu'un procès-verbal de la police judiciaire ne soit soumis au procureur du Roi, qui a ensuite écouté le chef de la sûreté préfectorale, Aziz Boumehdi, étant donné que dans les prérogatives de ce magistrat, il est aussi considéré comme étant un officier supérieur de la police judiciaire. Le procureur général du Roi a ainsi décidé d’enclencher des poursuites et a renvoyé ce responsable sécuritaire devant le juge d’instruction, qui l’a à son tour auditionné, et a décidé, sa procédure d'instruction achevée, de ne pas le poursuivre en justice.
Le Parquet et l'avocat de Wahiba Kharchich, partie plaignante, ont déposé un recours contre cette décision du juge d’instruction.
Mais la décision de ne pas poursuivre Aziz Boumehdi a été confirmée, a rappelé Mohamed Dkhissi, qui a précisé que l’affaire a par la suite été portée auprès de la Cour de cassation et là encore, la décision du juge d’instruction a été confirmée.
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Le contrôleur général et chef de la sûreté préfectorale d'El Jadida, Aziz Boumehdi, qui n’a bénéficié dans cette affaire d’aucun privilège, a fait appel aux services de deux avocats, sans intervention aucune de la part de l’administration, et c’est lui-même qui s'est acquitté de les rémunérer, comme peuvent le confirmer plusieurs chèque qu'il a signés, mentionnant les honoraires de ses avocats, a précisé Mohamed Dkhissi.
En ce qui concerne des allégations formulées par la partie plaignante relatives à un refus par la justice d'auditionner des témoins, Mohamed Dkhissi a indiqué que les instructions qu'il avait reçues disaient qu’il fallait "écouter l’officier suspendue seule" et que "toutes les procédures" ont été appliquées par le procureur général du Roi et par le juge d’instruction.
Il a ajouté que le juge d’instruction a écouté le gardien de nuit et a souligné dans son enquête qu’il n’était pas présent sur le lieu où l’intéressée prétend avoir fait l’objet de harcèlement sexuel, alors que le témoin qu’elle dit, qu’il a été menacé, est un repris de justice aux multiples antécédents judiciaires (trafic de drogue, gestion d’une maison close, incitation à la débauche, escroquerie) qui ne s’est pas présenté devant le juge d’instruction.
Concernant sa domestique, qui avait témoigné dans une affaire similaire, elle ne s’est pas présentée devant le juge d’instruction et quant à l’individu ayant publié une vidéo dans laquelle il prétend qu’on lui a proposé des pots-de-vin, personne ne l’en a empêché, a indiqué Dkhissi, qui a rappelé qu’il existe au Maroc une ligne directe avec la présidence du ministère public qui permet de communiquer avec elle pour interpeller la personne corrompue en flagrant délit.
Au sujet des allégations selon lesquelles le préfet en question jouit de privilèges, Dkhissi a souligné que ces assertions sont fausses, dans la mesure où il n’a bénéficié d’aucun privilège et il a été traité comme tous les citoyens dans le cadre de l'Etat de droit, ajoutant que les propos selon lesquels il serait le gendre du Directeur général de la Sûreté nationale sont également dénués de vérité.
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"Une personne lorsqu’elle veut évoquer un sujet, elle se doit d’être objective et de dire toute la vérité et non le quart ou la moitié de la vérité ou la vérité qui lui convient, pour ainsi induire l’opinion publique en erreur", a-t-il dit.
Dans le même contexte, M. Dkhissi a précisé que suite à l’examen de la vidéo dans laquelle l’officier suspendue prétend avoir été menacée de l’enlèvement de sa fille, à proximité de la gare de Casa-Port, alors qu’elle se rendait au tribunal pour une affaire, il en ressort que ces faits sont supposés s’être déroulés à Casablanca et ici, tout citoyen ordinaire ayant perdu son chemin peut se tourner vers les agents de police présents sur les lieux pour demander des orientations et le cas échéant, dénoncer les deux individus qui le menacent, menant ainsi à leur arrestation.
"Ici je parle du citoyen ordinaire et non d'une officier de police qui a une parfaite connaissance des mesures et procédures", a-t-il enchainé, ajoutant que même si ceci s’avère difficile, il y a toujours la possibilité d’appeler le 19 et de se présenter en tant qu’officier de police faisant l’objet de menace, d’autant plus que la police judiciaire est sur place et patrouille dans les avenues, en plus de l’arrondissement de police territorialement compétent, alors qu’elle dit s’être dirigée de Casablanca à El Jadida et avoir été reçue par le Procureur général adjoint, avant d’entrer dans un état hystérique, s’évanouir et se faire transférer à l’hôpital.
Après avoir reçu une correspondance du parquet, a poursuivi Dkhissi, elle a été contactée et convoquée par la police judiciaire désignée par le Procureur général du Roi, mais elle a indiqué se trouver dans un état qui ne lui permettait pas d'être présente avant lundi, soit après quatre ou cinq jours. Le lundi, elle a refusé de faire toute déclaration sous prétexte qu’elle prenait des médicaments qui pourraient l’affecter, notant qu’elle ne pouvait faire aucune déclaration jusqu’à sa guérison totale, ce à quoi la police judiciaire ne s’est pas opposée.
Ensuite, a-t-il souligné, l’intéressée a présenté un certificat médical de 21 jours, un second de 30 jours puis un troisième de 30 jours, soit un total de 81 jours après l'accident et lorsqu’elle s’est présentée et après avoir été écoutée, elle a affirmé que son époux recevait des appels téléphoniques provenant de personnes anonymes qui lui ont envoyé plusieurs photos, comme elle a prétendu que son téléphone était sous surveillance et traçait ses mouvements à Benguerir et à Marrakech.
Dkhissi a indiqué que la police judiciaire a appliqué toutes les procédures conformément aux instructions du Parquet compétent, notant à cet égard que l’examen de son numéro de téléphone a permis de révéler, à travers la géolocalisation, qu’il n’a jamais été à Benguerir, mais qu’il se déplaçait entre les villes d’El Jadida et Casablanca, au moment où elle était au Maroc.
Par ailleurs, toutes les procédures juridiques et techniques concernant cette plainte ont été parachevées avant d’être soumises au procureur général, a-t-il précisé.
En relation avec sa déclaration devant l’officier de la police judiciaire qui l’a interrogée sur les deux personnes qu’elle prétend l'avoir menacée, Dkhissi a indiqué qu’elle n’a rien retenu de leur description, ce qui est anormal venant d’une officier de police, encore moins d’une fonctionnaire chargée d’une cellule des victimes de violence, sachant que ceux qui travaillent dans ces cellules bénéficient d'une capacité d’écoute, d’observation et de précision et ne négligent aucun détail. Il n’est donc pas normal qu’une officier prétende qu’elle a été victime d’une menace de la part de deux personnes devant la gare de train à 12H00 ou 13H00, sans se rappeler ni de leur description, ni de ce qui les distinguait.
Concernant le parcours professionnel de l’intéressée, Dkhissi a fait savoir qu’en 2017, elle a bénéficié de 300 jours de congé en présentant des certificats médicaux et qu’elle a fait 4 arrêts de travail au cours de l’année 2019.
En ce qui concerne l’interdiction de quitter le territoire, elle était sur ordre du Procureur général du Roi en attendant la fin de l’enquête préliminaire, vu que l'officier concernée était soupçonnée d'être impliquée dans la participation au faux et à l’usage de faux, a expliqué Dkhissi, ajoutant qu’elle a quitté le Maroc de façon clandestine et illégale au moment où une enquête approfondie était menée.
S’agissant de la vidéo et les questions qu’elle soulève au sujet de l’inaction du parquet général ou de la non intervention de la sûreté nationale, Dkhissi a affirmé que, contrairement à ce qui est véhiculé, le parquet a donné des instructions à la police judiciaire pour mener une enquête fine au sujet de cette vidéo et engager toutes les procédures judiciaires dans ce sens.
Dkhissi a, par ailleurs, évoqué une autre affaire liée à l’atteinte aux institutions, diffamation et insulte de fonctionnaires publics lors de l’exécution de leurs missions et outrage à l’égard d’une structure organisée, notant que la DGSN a déposé une plainte au niveau national contre toutes les personnes ayant des liens avec cette question, tandis qu’une plainte contre ces personnes sera déposée à l’étranger.
"Il est inacceptable de donner libre cours à la diffamation et aux insultes, animées par la haine, à l’égard d'institutions constitutionnelles". Le droit à la critique étant garanti, à condition qu’elle soit objective et que toute la vérité soit dite, a conclu le directeur central de la Police judiciaire.