La fraude alimentaire semble être devenue un marché bien juteux au Maroc, au point qu'elle s’organise en activité mafieuse et se voit accorder un reportage sur Al Akhbar. Le quotidien arabophone a en effet réservé une pleine page de son édition du jeudi 5 septembre à la question. Il parle ainsi d’un "réseau très organisé, qui va du simple petit commerçant qui dilue ses aliments avec des mixtures toxiques jusqu’aux mafias qui falsifient indifféremment produits alimentaires et dates de péremption". On y parle d’œufs blanchis à l’eau de javel et à l’esprit de sel pour leur donner un teint plus "beldi". Chez le boucher, on affectionne l’utilisation du "mimi", sobriquet donné au produit traditionnellement utilisé pour le développement des photos argentiques. Le liquide en question, une fois versé sur les carcasses, permettrait de leur donner l’aspect d’une bête fraîchement abattue, mais à quel prix : car le produit a pour effet de rendre la viande potentiellement cancérigène. D’autres commerçants ont recours à des pratiques moins nocives pour la santé, mais tout aussi malhonnêtes : "ils font passer des chèvres pour des ovins, en greffant des têtes et des rognons de mouton sur les carcasses caprines". Cependant, selon Al Akhbar, "l'antenne casablancaise de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires multiplie les visites de contrôle auprès des marchés sans avoir noté aucun cas de fraude depuis le début de l’année, pas plus qu’elle n’a été sollicitée par les marchands ou les consommateurs". Autre journal à réserver sa Une à la question de la fraude alimentaire : Rissalat Al Oumma. Une association de protection des consommateurs aurait profité du dépôt du dossier sur la hausse du prix du lait pour dénoncer auprès du Conseil de la concurrence « la commercialisation de lait dilué à l’eau de javel et aux engrais chimiques". Une question qui, selon Wadiî Madih, président de l’Union des consommateurs à Casablanca, mérite autant d’attention que celle de la hausse des prix et "ne devait pas attendre les cris de détresse des associations, mais être une des priorités du gouvernement". La question de la fraude alimentaire de date pas d’hier et continue de sévir au Maroc. La faute revient au manque d’encadrement et de contrôle, mais aussi au manque d’importance accordée à la protection du consommateur. Les associations de protection des consommateurs existent au Maroc mais, jusqu’à aujourd’hui, elles ne disposent pas des outils juridiques ou de la légitimité nécessaire pour se constituer en partie civile et faire plier les producteurs. Le tissu associatif ne peut qu’attirer l’attention publique et du gouvernement sur la question de la sécurité sanitaire et attendre la réponse des autorités concernées.
Par Le360
Le 04/09/2013 à 22h27