Aujourd’hui, il a (à peine) 30 ans mais, jusqu'ici, sa vie a été une succession de peines et de dures épreuves qui l’ont conduit au pire: embrasser les idées extrémistes et criminelles de l’organisation de l’Etat islamique, Daech. Pour Le360, il en parle, à visage couvert.
Tout a commencé en 2012, quand ce natif de Sabt El Guerdane, zone agricole située dans la région d’Agadir, a perdu sa mère. S’en est suivie une longue période d’errance, de perte de repères et une descente aux enfers. En 2015, il fait la connaissance d’islamistes radicaux, marocains et étrangers, via le réseau social Twitter. Au fur et à mesure de leurs échanges et autres débats, le jeune homme sombre chaque jour un peu plus dans le radicalisme. Au point de franchir le pas, d’adhérer à Daech et de prêter allégeance à son «Calife» Abou Bakr Al Baghdadi.
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Au sein de l’organisation terroriste, et depuis le Maroc, le rôle de Noureddine a été de participer à la cellule médias de Daech, en faisant l’apologie d'actes terroristes commis par ses membres dans les quatre coins du globe. Il a également aidé à faire voyager une famille daechienne tunisienne en Irak où elle a rejoint les troupes de Baghdadi, grâce un réseau de contacts qu’il avait réussi à tisser. A cette époque, Noureddine a également pour projet de rejoindre les rangs de Daech en Irak et en Syrie, «mais je ne pouvais pas laisser mes petits frères tous seuls et partir», dit-il.
Entre-temps, le jeune daechien fera la connaissance d’une daechienne palestinienne sur les réseaux sociaux. Il en tombe amoureux et envisage même un mariage, mais le projet n’aboutira pas. Et pour cause, ses activités sur le web et l’apologie de Daech dont il se prévalait sur les réseaux sociaux feront qu’il se fera remarquer par les services marocains de sécurité. Noureddine est arrêté par les éléments du BCIJ (Bureau central d’investigation judiciaire) et déféré devant la Justice. "Cette arrestation m'a sauvé la vie", consent-il. Il écopera de 4 ans de prison ferme.
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La prison sera d’ailleurs pour lui l’occasion de se raviser. Désormais seul, il est abandonné de tous, lui qui a souffert de négligence toute sa vie après la perte de son père à l’âge de 7 ans. Sa mère étant contrainte de travailler en tant qu’ouvrière dans une usine, il sera confié à ses grands-parents qui le maltraitent.
Des épisodes de sa vie et un parcours qu’il passera en revue pendant sa détention. Et surtout, il remet en question ses convictions d’avant. Et s’en repent. «Pour moi, c’est un retour à la vie et j’en suis heureux. Je regrette toutes ces années perdues à poursuivre de pures chimères. Grâce à Dieu, j’en suis revenu», nous confie-t-il.