Une campagne contre l’homophobie

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Revue de presseKiosque360. A l’approche du 17 mai, Journée internationale contre l’homophobie, l’association Aswat lance, au Maroc, une campagne intitulée "L’amour n’est pas un crime".

Le 06/05/2014 à 22h26

L’association Aswat, soutenue par des personnalités de la société civile marocaine, mène une campagne contre l’homophobie sous le thème "L’amour n’est pas un crime". Akhbar Al Yaoum rapporte, dans son édition du mercredi 7 mai, que l’association a défini, dans un communiqué, son initiative comme un geste de protestation contre la discrimination dont souffrent les homosexuels au Maroc. Le but de cette initiative est aussi d'interpeller l'opinion publique et le législateur. Le journal souligne, à ce propos, que le clip de cette campagne, diffusé sur la Toile, met en scène plusieurs personnalités plaidant pour la dépénalisation de l’homosexualité.

L’article 489 du code pénal punit en effet les relations sexuelles entre personnes de même sexe et prévoit pour ce qui est donc considéré comme un "délit" une peine allant jusqu'à trois ans de prison. Aussi, dans ce clip où l'on peut voir plusieurs intervenants donner leur point de vue sur l'homosexualité, Ahmed Assid, chercheur universitaire déclare que l’homophobie "constitue un comportement discriminatoire". Et d'ajouter que "le respect de l’autre est parmi les fondamentaux des droits de l’homme". "En tant que citoyen, je dis que les homosexuels ont les mêmes droits que moi", renchérit Abdessamad Dialmy, universitaire et sociologue. Sur le web, la vidéo suscite des avis partagés.

Le quotidien Annass, de son côté, interpelle le prédicateur Abdelbari Zemzemi sur la question. Qui s'en étonnera? L'homme, devenu célèbre par ses fatwas, rejette catégoriquement cette campagne, affirmant que "cet appel est stérile, nul et sans fondement". "Ces homosexuels mélangent dans leur campagne, l’amour et le sexe, deux choses qui ne vont pas toujours ensemble. Le sexe n’est pas toujours le fruit de l’amour. L’amour n’est pas un crime, au contraire et personne ne peut être incriminé pour ses sentiments. Par contre, la liberté sexuelle est une déviance, et même les pays qui ont légalisé la chose en éprouvent de la honte. Parmi les conséquences: les maladies sexuellement transmissibles".

Dénoncer l’homophobie revient à faire réfléchir sur toutes les autres formes de discriminations et à défendre la dignité et les libertés individuelles. Pour ce qui est du cadre législatif, soyons réalistes: la campagne "L’amour n’est pas un crime" n’a quasiment aucune chance de provoquer quelque bouleversement que ce soit, pour le moment, estiment des observateurs. Mais lancer le débat apte à bousculer les mentalités est un pas non négligeable.

Par Meriama Moutik
Le 06/05/2014 à 22h26