Les arrestations continuent pour faire la lumière sur le phénomène dit "Tcharmil". La communaute des "mcharmlines" fait l’apologie du crime, bouteilles d'alcool, armes blanches et liasses de billets en main, sur le réseau social Facebook. Al Akhbar révèle, dans son numéro à paraître jeudi 3 avril, que les enquêtes menées à Casablanca, ainsi que dans plusieurs villes, ont permis l’arrestation de plusieurs personnes, dont des filles. Les forces de l’ordre ont en effet interpellé "9 jeunes au total, dont 3 filles, âgés entre 19 et 21 ans. Il s’agit de jeunes élèves ou étudiants poursuivant une formation professionnelle".
Vous avez dit trucage ?
Le quotidien reprend la déclaration d’un des suspects arrêtés, mardi, à Casablanca: "Nous avons pris ces photos pour nous amuser et nous les avons mises sur nos comptes Facebook, mais elles ont été détournées, à notre insu, de leur but initial". Quel but initial ? Celui, déclare-t-il, de frimer devant les potes et de séduire les filles. Et Al Akhbar de citer une source policière soulignant que "ces jeunes publiaient leurs photos dans un monde virtuel et que ces images ont été détournées par des personnes qui ont exagéré l'ampleur du phénomène à des fins de propagande". Une enquête serait en cours pour savoir à qui ladite propagande profiterait. De quoi se poser des questions.
Les criminels ne seraient donc pas ceux qui subliment la délinquance et la criminalité au travers de publications fleuve de photos pour le moins inquiétantes, mais ceux qui les dénoncent et feraient ainsi augmenter la psychose parmi les citoyens. Le leader de ce mouvement, dont Annas annonce l'incarcération et l'interrogatoire, a parlé de photos truquées. Et quand bien même elles le seraient ? Et quand bien même ces images auraient été trafiquées, comme il le dit, sur Photoshop ? C'est le message véhiculé par ces images qui est inquiétant. Des images qui font de la criminalité la porte vers le succès: armes, alcool, larcins, bijoux en or hérités des pactoles des vols et d'agressions sont présentés comme des objets provoquant l'admiration et le respect. Et le danger est là. Présenter au citoyen ce phénomène comme moins dangereux qu'il n'y paraît est véritablement tout aussi inquiétant. Car on légitime, ce faisant, la profonde dérive des valeurs.