Taroudant: quand un auxiliaire d’autorité, un garde forestier et un fqih se font chasseurs de trésor

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Revue de presseKiosque360. Les autorités ont fait une descente dans une maison où se réunissaient quatre individus suspects. Les voisins s’attendaient à la neutralisation d’une cellule terroriste alors qu'il s’agissait, en fait, de chasseurs de trésor.

Le 02/08/2016 à 23h53

Les habitants du quartier Chenguiti, dans la ville de Taroudant, ont été intrigués, en cette nuit de dimanche à lundi (31 juillet et 1er août), par un inhabituel ballet de voitures aux alentours d’une maison du quartier: véhicules de police et voitures relevant de l’autorité locale, entre autres, ont envahi les lieux.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribya, qui rapporte les faits dans son édition de ce mercredi 3 août, la maison en question a été, en effet, quasiment encerclée par des éléments des forces de l’ordre relevant de la police et de l’autorité locale qui avaient été informées de la présence d’un groupe d’individus suspects.

La plupart des voisins s’attendaient à la neutralisation d’une cellule intégriste planifiant des actes terroristes. Et quelle n’a été leur surprise de voir la police embarquer, dans une estafette, menottes aux poings, un préposé religieux qui officiait dans une mosquée du coin, un auxiliaire d’autorité (cheikh) de la commune rurale de Tiouit et un garde forestier officiant dans la même commune. Le locataire de la maison qui avait abrité cette réunion a également été embarqué par la police.

Après cette intervention, exécutée sous la supervision du Parquet de la ville, il s’est avéré que les quatre compères s’adonnaient à la recherche et au déterrement de trésors enfuis. En effet, et suite à une perquisition au domicile en question, la police est tombée sur des outils d’excavation, des produits et articles de sorcellerie pour la confection des talismans, et autres gris-gris du genre. Le tout a été, bien sûr, confisqué par la police.

Durant les interrogatoires préliminaires, les enquêteurs ont pu apprendre que les quatre individus s’apprêtaient, effectivement, à se rendre dans la commune de Tiouit où ils comptaient procéder à des incantations et autres rituels de sorcellerie pour déterrer un trésor qu'ils pensaient enfoui dans le coin.Les mis en cause ont été, ensuite, confiés à la police judiciaire pour une enquête approfondie. Ils ont été mis en détention préventive, le temps que les enquêteurs se rendent sur place pour vérifier leurs dires et clore l’enquête. 

A noter que la loi marocaines ne prévoit pas de sanction dissuasive contre ces activités très fréquentes, notamment dans la région de Tiznit et de Taroudant. Les fkihs originaire de cette région du Souss sont d’ailleurs passés maîtres incontestés dans cette activité. Bref, pour toute sanction, l’article 528 du code pénal stipule que «Quiconque ayant trouvé un trésor, même sur sa propriété, et s'abstenant d'en aviser l'autorité publique dans les quinze jours suivant la découverte, est puni d'une amende de 200 à 250 dirhams. Tout inventeur qui, ayant ou non avisé l'autorité publique, s'approprie le trésor, en tout ou en partie, sans recours au magistrat compétent, est puni d'un emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de 200 à 250 dirhams».

Généralement, les tentatives de déterrement de trésors avortées par la police sont associées à d’autres délits bien plus graves. On parle le plus souvent de violation de tombes, violation et détérioration de propriétés publiques ou privées, violences ou même homicides ayant, notamment, fait pour victimes des enfants mineurs.

Par Amyne Asmlal
Le 02/08/2016 à 23h53