Face à la hausse inquiétante des cas de suicide dans la ville de Chefchaouen, les acteurs de la société civile dans la région prennent de plus en plus d’initiatives pour essayer de juguler ou du moins de comprendre ce phénomène. C’est ainsi que des colloques et des conférences sur ce thème à la fois tabou et alarmant ont été organisées par divers acteurs.
L’association Ben Mchich pour la protection du patrimoine culturel de Chefchaouen a adressé des requêtes aux responsables concernés pout créer un centre d’études sur le suicide et une ligne verte en vue de circonscrire ce phénomène. Un fléau dont les causes et les dimensions s’entremêlent dans une ville qui connaît une augmentation alarmante du taux de suicides, atteignant 12 cas de janvier à mars 2019. Autrement dit, la ville enregistre quatre cas de suicide chaque mois avec une moyenne d’un suicide par semaine.
L’association précitée a en outre organisé un colloque sous le thème «Oui à la vie… Non au suicide» au terme duquel elle a adressé aux partenaires institutionnels, civils et économiques des requêtes pour l’ouverture d’une ligne verte. Un numéro ouvert aux acteurs, aux directeurs des établissements publics et aux citoyens afin qu’ils puissent prévenir des cas de personnes susceptibles d’être suicidaires.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 24 septembre, que l’association vise à travers la création d’un centre d’étude sociologique et psychanalytique sur le suicide à constituer une base de données sur ce phénomène dans la région. Une base à partir de laquelle le phénomène sera étudié et analysé selon une méthode scientifique à multiples approches. Ces données vont permettre d’assurer aussi bien la prévention que le traitement de ce fléau à travers la création d’un centre hospitalier où seront soignées les personnes ayant tenté de se suicider.
L’Observatoire régional des droits de l’homme avait, lui aussi, tiré la sonnette d’alarme sur la hausse inquiétante des cas de suicides dans la région, en imputant les causes de ce phénomène à un «mode de production basé sur la culture du haschich et les politiques de marginalisation».
Il faut rappeler que le suicide à Chefchaouen touche aussi bien les femmes, les jeunes, voire les enfants et les hommes âgés, sans que l’on en sache les raisons. Ils se donnent la mort soit par pendaison dans les foyers et les forêts avoisinantes, soit en absorbant des produits toxiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Maroc a occupé en 2012 la deuxième place en nombre de suicides dans le monde arabe, avec 1628 cas.