Le chômage guette les Marocaines chargées de cueillir des fraises et autres baies à Huelva, dans le sud de l’Espagne, à cause de la sécheresse qui y sévit actuellement, due à l’extraction intensive des ressources hydriques, afin d’arroser ces mêmes cultures, énonce Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 13 décembre 2023.
À cause des restrictions imposées au pompage de l’eau issues des nappes phréatiques, et d’une baisse des subventions octroyées pour cultiver non seulement des fraises, mais aussi des framboises, des myrtilles, des groseilles et autres cassis, les agriculteurs se retrouvent donc contraints de réduire les superficies cultivées.
Par conséquent, les besoins quantitatifs en termes de main-d’œuvre, spécifiquement marocaines, seront en baisse.
Pour cet ensemble de raisons, le gouvernement espagnol a donc signé un accord avec cette région d’Andalousie, afin de protéger le parc national de Donana, qui s’étend sur l’une des plus vastes régions humides de cette partie de l’Europe occidentale.
La région de Huelva est en effet bien connue pour ses cultures intensives de fraises et autres baies, qui totalisent 70% de cette production agricole pour l’export.
L’accord conclu permet à cette région d’Andalousie de bénéficier d’une subvention de 1,4 milliard d’euros, pour mettre fin aux pompages illégaux des ressources hydriques issues des nappes phréatiques de la réserve de Donana, explique aussi Al Ahdath Al Maghribia.
Selon le quotidien, le plan de sauvetage gouvernemental freinera la prolifération des puits, illégaux, dans la région de Huelva, qui irriguent les cultures sous serres de fraises et autres baies acidulées.
Avec une production estimée à près de 300.000 tonnes chaque année, soit 90% de la production espagnole, et 30% de la production d’autres pays de l’Union européenne, cette région du sud de l’Espagne, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, est considérée comme étant un leader dans l’exportation de fruits rouges pour plusieurs pays d’Europe.
Le quotidien relaie à ce propos la déclaration d’un interlocuteur du Fonds pour l’environnement mondial (FEM, bailleur de fonds pour des projets visant à protéger l’environnement -en anglais Global Environment Facility ou GEF). Ayant requis l’anonymat, il a expliqué que «la zone entourant le parc naturel de Donana, qui s’étend sur 1600 hectares, est irriguée de façon illégale, ce qui représente entre 500 et 1.000 puits illégaux».
Al Ahdath Al Maghribia explique aussi qu’au Luxembourg, en juin 2021, la Cour de justice de l’UE avait déjà condamné le gouvernement espagnol pour ces mêmes faits: n’avoir pas protégé le parc national de ces extractions intensives de ressources hydriques.
Il y a quelques mois à peine, en avril 2023, les élus conservateurs du Parti populaire (PP), aux commandes de cette région d’Andalousie depuis 2019, avaient pourtant présenté un projet de loi imposant des restrictions sur l’irrigation, qui concernaient des centaines d’hectares illégalement cultivés.
Ce projet de loi donne toutefois un droit d’irrigation limité aux cultivateurs de ces fruits et autres baies, au nom d’un «droit au travail», alors même que ces cultures emploient au total un nombre de 80.000 travailleurs (saisonniers ou non), et représentent 8% du PIB de cette région du sud de l’Espagne.
Confrontés aux pressions exercées par les associations de défense de l’environnement, afin de mettre fin aux pratiques illégales liées à ces cultures agricoles, les pouvoirs publics et les autorités régionales d’Andalousie ont décidé, selon le quotidien, de «concilier la protection de la réserve de Donana et le développement économique, ainsi que le progrès social de la province».
Un budget a donc été alloué à des subventions octroyées aux agriculteurs, dont le montant peut atteindre 100.000 euros pour chaque hectare dans lesquels les cultures de ces fruits et autres baies auront cédé la place au reboisement.
D’autres subventions, cette fois-ci de l’ordre de 2500 euros annuellement, seront elles aussi octroyées sur un laps de temps de cinq ans aux agriculteurs qui se consacreront à une production plus durable sur les terres qu’ils cultivent.