Que pensent les Marocains des relations sexuelles hors mariage ? C’est l'une des questions auxquelles une étude réalisée par un groupe de chercheurs et sociologues dans le cadre de la plateforme «Menassat» pour les recherches et les études sociales, a essayé de répondre. Et les résultats de cette étude sur «les libertés individuelles, représentations et pratiques» risque de bouleverser plusieurs a priori. En effet, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 16 août, la société marocaine n’est pas aussi "conservatrice, pieuse ou traditionaliste qu’on pourrait le croire". Exemple: au moins trois Marocains sur quatre pensent que les relations hors mariage sont très répandues au Maroc. Le chiffre exact annoncé par les auteurs de cette étude est de 76,7%.
Plus encore, 60% des personnes sondées, à travers différentes régions du pays, affirment connaître personnellement une jeune fille ou un jeune homme qui ont eu des relations sexuelles hors mariage. L’étude parle d’«avant le mariage», pour nuancer. N’empêche que quand bien même ce serait des rapports sexuels pré-matrimoniaux, 50% des Marocains estiment que ce genre de relations relève des «libertés individuelles» de chacun. L’autre moitié des sondés parlent, à des proportions variées, de prévarication (fassad) morale et d’un écart par rapport à la religion ou encore d’un manque d’éducation.
C’est une évolution positive, estiment les auteurs de l’étude, dans une société qui a longtemps, et peut-être même à tort, été qualifiée de "société traditionaliste, pieuse ou, en tout cas, majoritairement conservatrice". Cependant, note la même étude, il faut toutefois appréhender ces résultats avec précaution. La réaction des personnes sondées par rapport au corps de la femme ou ses libertés individuelles, sexuelles surtout, pourrait être considérée non pas comme une conviction positive, mais une sorte de manque d’intérêt pour le sujet. Ainsi, en réponse à des questions bien précises sur le sujet, selon les résultats, seulement 15% des sondés considèrent que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps sur la voie publique. Ils considèrent même les femmes qui le font comme «libres», instruites, éclairées et ouvertes.
Par contre, il est parmi les sondés qui considère ces mêmes femmes comme «mécréantes». Heureusement, ce genre d’opinion ne représente que 0,6% des personnes ayant participé à cette enquête, alors qu’un grand nombre des sondés, 31,3%, affirment qu’il s’agit de «filles faciles », non éduquées ou tout simplement de perverses. Cela dit, soulignent les auteurs de cette étude dont les principaux résultats ont été repris par Al Ahdath Al Maghribia, cette perception positive des libertés individuelles, surtout sexuelles, même quand il s’agit de celles des femmes, est une tendance générale. Ainsi, les réponses ses sondés se rejoignent généralement, abstraction faite de leur âge, leur sexe, leur niveau d’instruction, leur catégorie socioprofessionnelle ou leur lieu de résidence.
Selon les auteurs de l’étude, l’idée que se font les sondés du corps, ou la représentation du corps pour eux, confirme également cette évolution positive. En effet, 31,9% des Marocains, soit un sondé sur trois, considèrent leur corps comme une partie d’eux-mêmes, alors que 2% des sondés le considèrent comme un outil de travail ou, selon la même proportion, comme un moyen d’expression. 8,8% de sondés confondent leur corps avec leur identité au moment où pour la majorité, soit 52,6%, il représente le «tout». En outre, 80% des sondés, ce qui est également un chiffre très significatif, sont absolument d’accord pour que chacun dispose de son corps à sa guise, en toute liberté.