Séquestré par sa famille à cause de sa maladie

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Revue de presseKiosque360. Un jeune homme souffrant de problèmes mentaux a été enchaîné et enfermé pendant des années par sa famille à Kalaât Sraghna.

Le 25/02/2014 à 10h13

C'est une histoire dramatique, au titre choc, qui fait la Une de Al Massae à paraître ce mardi 25 février. "Un aliéné réduit à l'état d'animal a été découvert après plusieurs années de réclusion à Kalaât Sraghna". Selon le quotidien, "les forces de l'ordre sont intervenues dans l'une des maisons de la petite ville après avoir appris qu'un jeune homme, atteint de déficience mentale, était séquestré par des membres de sa famille". A en juger par les témoignages rapportés par le journal, "certains membres de la famille du jeune homme ont tenté de prévenir les autres personnes en voyant des agents de la police se rapprocher de la maison". Mais c'était sans compter sur l'intervention rapide des agents mobilisés sur les lieux.

Grand corps malade

"La police a découvert un jeune homme attaché à une chaîne en fer, noyé dans ses propres excréments", poursuit Al Massae, décrivant une véritable scène d'horreur. Pis encore, le jeune homme aurait même un comportement quasi-primitif, rapporte le journal selon lequel la victime était incapable de parler normalement et émettait des sons pour communiquer. Il semblerait, selon le journal, que le seul lien que le jeune garçon avait avec le monde extérieur se résume à une petite fenêtre via laquelle ses bourreaux -en l'occurrence, son père et son frère- lui donnaient de la nourriture et de l'eau. Tout porte à croire que la mère du jeune homme avait interdiction de voir son enfant, de peur qu'elle ne tente de le délivrer. La police a immédiatement emmené le jeune homme à l'hôpital psychiatrique de Marrakech afin qu'il reçoive les premiers soins. De leur côté, le père et le frère de la victime ont été interpellés et présentés au procureur du roi qui a ordonné leur mise en garde à vue. Ils sont poursuivis pour séquestration et mise en danger de la vie d'autrui.

On ne peut s'empêcher de penser, en lisant les détails de cette sombre affaire, aux nombreuses autres personnes souffrant de maladies mentales qui ne pourraient être prises en charge correctement et qui restent parfois à la merci de familles qui ne sont pas en mesure d'en assumer la charge. Et ce n'est pas mieux dans les établissements hospitaliers. Pour rappel, le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) avait réalisé une enquête dans une vingtaine d'établissements spécialisés à travers tout le Maroc. Parmi les principales conclusions, il en est ressorti l'état de non-conformité total dans lequel se trouvent ces structures. Avec à peine 172 médecins spécialisés répartis dans tout le royaume, l'offre de soins en matière de santé mentale manque cruellement de compétences et de moyens financiers. Et comme si cela ne suffisait pas, le rapport alerte également quant à l'obsolescence du cadre juridique qui n'a toujours pas été revu depuis 1959.

Par Sophia Akhmisse
Le 25/02/2014 à 10h13