Perdus, ne maîtrisant pas le terrain et visiblement mal équipés, deux amis ayant entrepris l’ascension du massif Tighine, dans le Rif, ont eu recours à l’aide des réseaux sociaux pour appeler à l’aide.
Un SOS d’autant plus urgent que Ismaïl, l’un d’entre eux, aurait été grièvement blessé.
Le premier appel au secours est passé il y a quatre heures par Khalid, dans une vidéo live. Il interpelle alors les internautes pour demander de l’aide. «La neige glisse. Nous n’avons pas de crampons», explique-t-il pendant que son ami, Ismaïl, visiblement blessé, gémit de douleur.
Mais la connexion n’est pas bonne et Khalid peine à se faire comprendre. Il réitère donc son appel au secours cette fois-ci par écrit: «Mes frères, partagez le plus largement possible...», supplie-t-il. Et d’expliquer que la nuit tombe et que son ami Ismaïl a été blessé et qu’il perd beaucoup de sang.
S’ensuit un autre message dans lequel il explique que son téléphone est cassé et qu’il faut appeler le numéro de son compagnon qu’il partage alors dans son post.
Mais le sort s’acharne sur les deux hommes. Khalid explique alors dans un nouveau post que même le téléphone de Ismaïl s’est cassé lors de leur chute. «Mon ami saigne mes frères, il s’est cassé quelque chose, il ne peut pas se lever et il n’arrive plus à rester assis.»
A ce stade, l’inquiétude est à son comble et Khalid commence à recevoir beaucoup d’appels. Le hic, c’est que ces appels incessants déchargent sa batterie. Il devra donc écrire aux internautes de cesser de l’appeler, car en voulant l’aider, ils sont en train de faire le contraire et de les condamner.
«Mes frères, arrêtez de m’appeler. Mon portable est cassé et vous usez ma batterie. «Il me reste 13% de batterie, nous ne sommes pas loin du sommet de la montagne Tadghine, la neige nous cerne de tous côtés, et mon ami est blessé très grièvement. Merci pour vos prières et aidez nous à trouver une solution.»
Et de finir par cette terrible phrase qui nous fait nous rendre compte de son propre dilemne à cet instant précis: «Je ne vais pas descendre et le laisser seul.»
Mais les internautes continuent malgré tout à appeler le numéro indiqué et Khalid est obligé encore une fois d’expliquer la situation: «Ne m’envoyez pas de messages, ne m’appelez pas s’il vous plaît! Je n’ai plus que 5% de batterie, trouvez une solution, appelez quelqu’un qui puisse nous aider. Mon ami est en train de mourir à côté de moi…»
Puis à nouveau à autre message qui laisse présager le pire: «Rien de nouveau… la nuit commence à tomber, et Ismaïl souffre à côté de moi, et moi-même je suis frigorifié.»
S’en suivront encore d’autre messages de détresse où Khalid explique qu’il ne peut pas bouger ses jambes sous peine de glisser.
Il explique ensuite qu’ils continuent de lutter, puis remercie les gens pour leur soutien, et semble tout d’un coup se résoudre à son sort. «Je vous envoie beaucoup d’amour, j’ai fais ce que j’avais à faire. Si nous mourrons, ce sera par la volonté de dieu.»
Et enfin, au milieu de l’obscurité et du froid glacial, l’espoir renaît. Khalid redonne de leurs nouvelles il y a deux heures et c’est tout le Maroc qui soupire de soulagement.
«Nous sommes restés debout parce que nous aimons la vie… Merci aux hommes du Douar Azila… des hommes et des héros qui sont parvenus jusqu’à nous et pourtant combien d’entre eux ont été blessés en chemin».
Aux dernières nouvelles, les deux compagnons, aidés par la Protection civile et leurs sauveteurs étaient en train de rejoindre l’ambulance qui doit les transporter à l’hôpital le plus proche.