Samira Sitaïl admet avoir contacté Abdelilah Benkirane, avant son arrivée à la tête du gouvernement, pour se plaindre de la manière dont il s’en prenait à elle et que ses attaques seraient lourdes de conséquences, s’il persévérait dans cette voie. "J’ai attiré son attention sur le fait que sa violence verbale contre ma personne lui coûtera cher un de ces jours", explique Samira Sitaïl sur les colonnes de Akhbar Al Yaoum dans sa livraison de ce mardi 27 mai. Cette réaction virulente de la directrice d'information de la chaîne d'Aïn Sebaâ intervient après la sortie de Abdelilah Benkirane, dimanche dernier à Rabat, devant les médecins de son parti, où il s’est attaqué à plusieurs personnalités. "Ce Benkirane n’avait-t-il rien d’autre à faire pendant deux ans et demi que de s'attaquer à moi ?", s’interroge Samira Sitaïl qui assimile l’attitude du chef du gouvernement à du "harcèlement psychologique" et à la "misogynie". "Son discours, qui n’a rien de celui d’un démocrate, montre qu’il a un sérieux problème avec la femme. Si je m'appelais Samir, allait-il s'en prendre à moi de la même manière?", s'interroge Samira Sitaïl.
Al Akhbar s’intéresse à son tour à cette nouvelle passe d’armes entre Samira Sitaïl et Abdelilah Benkirane. Sur les colonnes de ce quotidien, la directrice de l’information de 2M a promis de répondre du tac au tac à chacune des attaques du secrétaire général du PJD. "Au lieu de s’intéresser aux vrais problèmes et soucis des Marocains, il m’a à l’oeil. Il ferait mieux de se concentrer sur ses responsabilités", ajoute la journaliste que Benkirane classe dans la catégorie des "Tamassih" (crocodiles) qui, selon lui, parasiterait l’action de son équipe.
De vieilles rancunes
L’histoire du désamour entre Samira Sitaïl et Abdelilah Benkirane en particulier (et le PJD en général) remonte à près d’une décennie. Juste après les attentats du 16 mai 2003, la "Dame de fer" de 2M, invitée sur le plateau d'une chaîne de télé française, a imputé la responsabilité de ces attentats au PJD. Une accusation que les islamistes n’ont jamais oubliée. C’est la même Samira Sitaïl qui a remis une couche lors d’une interview à Al Ahdath Al Maghribiya pour fustiger les cahiers des charges préparés par Mustapha El Khalfi, ministre PJD de la Communication. Abdelilah Benkirane s’est même plaint d’être censuré sur 2M. A tel point qu’il lui était arrivé de boycotter, ou du moins tancer, les journalistes de la chaîne. Circonstances aggravantes, les PJDistes estiment que Samira Sitaïl doit observer un devoir de réserve puisqu’elle est, administrativement, sous la tutelle du gouvernement. Mais elle n’en a cure. Les semaines à venir s'annoncent pleines de rebondissements.