La saisie d’une tonne de cocaïne au large d’El Jadida a permis au BCIJ de découvrir que la mafia internationale planifiait différents scenarios pour faire du Maroc une plateforme de la drogue dure.
Les documents saisis montrent que les trafiquants voulaient faire passer le Maroc d’un point de passage à un «empire colombien». L’objectif étant d’y stocker la cocaïne et de la redistribuer, par la suite, aux différents barons aussi bien au Maroc qu’à l’étranger.
Les plans d’acheminement de la drogue étaient choisis avec précision entre Boujdour, Dakhla et les plages de l’océan atlantique. Une halte aurait été effectuée au large d’El Jadida d’où la cargaison aurait été transportée vers l’Espagne avant d’être distribuée dans toute l’Europe. Pour ce faire, les trafiquants utilisaient des moyens sophistiqués, parmi lesquels on trouve des avions, des bateaux pneumatiques et des moyens de communication satellitaires.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 19 décembre, que pour faciliter l’écoulement de la drogue, les trafiquants ont fait appel à des Marocains ayant des antécédents dans le trafic de marchandises et de stupéfiants. D’autant que ces individus maitrisent bien des itinéraires spécifiques à l’intérieur du Maroc et qu’ils ont noué des relations avec des responsables dans la gendarmerie et la marine royale pour couvrir leurs méfaits.
Les barons colombiens ont même préparé un pont aérien pour transporter la cocaine à destination de Dakhla. Le BCIJ a, en effet, saisi des tonnes de kérosène ainsi que des panneaux de signalisation et le balisage lumineux qui guident l’atterrissage des avions. Ce réseau international était prêt à affronter tous les dangers car il disposait d’armes à feu pour riposter en cas d’interception.
Le démantèlement de ce réseau a commencé avec l’arrestation d’un chauffeur de camion et son accompagnateur grâce à des informations précises fournies par la DGST. Les éléments de ces services ont repéré l’activité d’un réseau criminel de trafic de drogue qui opérait entre le Maroc, l’Amérique latine et l’Europe dont certains éléments sont originaires de Tanger.
La surveillance policière a permis de découvrir que ces barons préparaient une opération d’envergure de transport de cocaïne fortement concentrée à partir d’El Jadida et à destination de Tanger. La cargaison devait être acheminée par un camion de transport de marchandises de marque Mitsubishi escorté par un 4X4 lié à un coffre d’attelage blanc.
Suite à ces informations, les éléments du BCIJ ont procédé à des investigations poussées et à des enquêtes de terrain qui leur ont permis d’arrêter tous les individus impliqués dans ce trafic. Leur nombre a atteint 17 suspects parmi lesquels on trouve deux éléments de la marine royale, trois gendarmes et trois Colombiens. L’espace géographique où s’activait ce réseau international de trafic de drogue va de Casablanca et El Jadida et s’étale jusqu’à Boujdour et Dakhla.
La brigade de lutte contre le crime organisé, relevant du bureau central des investigations judicaires, a pris le relais pour suivre les traces de ce réseau tentaculaire. Ses éléments enquêtent sur tous les chemins et relais suivis par les instigateurs de cette opération ainsi que sur les complices, qu’ils soient Marocains ou étrangers.
Les deux accusés, qui appartiennent à la marine royale et à la gendarmerie, ont été déférés devant le tribunal des crimes financiers de Casablanca. Ils auraient touché des pots de vin conséquents pour faciliter le transport et l’écoulement de la drogue.
Les recherches du Bureau central des investigations judiciaires ont révélé que les suspects comptaient installer au Maroc une base de «l’empire colombien de la drogue». Un «hub» qui relie les pays producteurs aux pays distributeurs en utilisant des moyens logistiques sophistiqués et en recrutant des individus spécialistes dans le trafic et le camouflage.
Les opérations de ratissage sont toujours menées par divers services de la police dans la région de Dakhla. La mafia transcontinentale avait aménagé uns piste secrète pour le décollage et l’atterrissage des avions destinés au transport de la cocaïne de l’Amérique latine vers l’Europe en passant par le Maroc.
Le BCIJ a saisi 3 tonnes de kérosène, 3 citernes, deux moteurs, 5 générateurs électriques, 46 barils contenant 2.700 litres d’essence, des portables satellitaires, 3 fusils 12 mm, 400.000 dirhams en liquide, des passeports, des plaques d’immatriculation et des appareils électroniques.
La police a mis la main sur un insigne de la DGSN ayant appartenu à un policier à la retraite décédé en 2010. Les investigations de plusieurs services de la DGSN poursuivent leur enquête pour appréhender tous les commanditaires de ce trafic que ce soit au Maroc ou à l’étranger.