Saliha, 36 ans, est une femme mariée et mère de deux fillettes qui paraît bien plus vieille que son âge. Elle est hospitalisée, depuis plusieurs semaines, à l’hôpital public de Safi. Selon le journal Al Massae, qui relate son histoire dans son édition du mardi 2 août, elle souffre de multiples blessures et brûlures sur toute la surface de son corps, y compris sur ses organes génitaux. La seule personne qui lui rendait visite régulièrement est son mari. Et ce n'était sans doute pas pour s’enquérir de son état de son santé, mais plutôt pour l’inciter au silence.
Il aura fallu que l’un de ses proches, qui avait eu vent de son hospitalisation, lui rende visite pour se rendre compte de l’état poignant dans lequel elle se trouvait, malgré des semaines de soins. De fil en aiguille, la famille a pu apprendre que son mari la maltraitait et lui infligeait des souffrances de tout genre, coups, blessures, brûlures avec un couteau, outre les violences psychiques.
Désemparée, la victime a fini par tout avouer à sa famille qui était loin de se douter de l’enfer qu'elle vivait avec son époux. Son père, cité par le journal, n'a d'ailleurs pu retenir ses larmes et s’en remet aux autorités judiciaires auxquelles il demande protection et justice pour sa fille. Il demande également que le mari, qui l’a pour ainsi dire fait vivre dans une prison, l’empêchant même de rendre visite à ses parents, paie pour ses actes. Le couple vivait dans un douar relevant de la commune de Chamaïa, dans la région de Safi.
Après cet appel de détresse du père, la société civile est entrée en action. Ainsi, rapporte le journal, l’Association nationale des Droits de l’Homme au Maroc, présidée par Mohamed Rachid Chrii, un syndicaliste qui a fait parler de lui il y a quelques années, suite à un accrochage avec la police, a décidé se s’intéresser à ce cas et appelle à ce que le mari, qualifié de «sadique», soit jugé pour ses actes et condamné à une peine exemplaire.
Selon un proche de Saliha, des membres de sa famille ont pu enregistrer son mari alors qu’il la menaçait, à l’intérieur de l’hôpital, des pires des représailles si elle se confiait à quiconque. Il a ensuite été conduit au commissariat par la famille de la victime qui a demandé à la police, enregistrement à l’appui, de le mettre sous les verrous. Il leur a été signifié, en réponse à leur initiative, qu’ils devaient suivre les procédures d’usage. Aussi, faut-il d’abord déposer une plainte, suite à laquelle une enquête est ouverte. Celle-ci déterminera s’il y a cas de violence et, donc, acte incriminé par la loi. Ce n’est qu’à ce moment là que la police procède à l'arrestation, sur ordre du Parquet.
La famille a donc déposé une plainte auprès de la gendarmerie de Chamaïa. La victime vient d’être entendue par les enquêteurs et a confirmé ses dires, affirmant que sont mari, entre autres supplices, lui appliquait sur le corps un couteau chauffé à blanc. Et cela durait depuis plusieurs années!