"Ceux qui prétendent éliminer le coran du programme éducatif s’attaquent en fait à l’Etat". Cette phrase est du chef du gouvernement. Dans une intervention, dimanche, lors d’un événement organisé par son parti à Tanger en son honneur, Abdelilah Benkirane a vivement critiqué, vous l’aurez compris, les recommandations du colloque international sur l’éducation, organisé les 4 et 5 octobre, par Noureddine Ayouch, acteur associatif et président du Collectif pour une meilleure éducation de nos enfants. Bien qu’il soit resté jusqu’ici très discret sur le sujet, on dirait bien, à lire la Une de Annass, daté du 12 novembre, que le secrétaire général du PJD n’apprécie pas le contenu de ce rapport. "Le Maroc continuera d'enseigner l’éducation islamique à ses enfants et à les éduquer en arabe et ce jusqu’au jour du Jugement", tels sont les propos de Benkirane rapportés par le journal. Autant dire que Benkirane n’a pas mâché ses mots. Continuant sur sa lancée, le chef de l’Exécutif s’est directement attaqué aux recommandations de Ayouch, affirmant qu’il s’y opposerait personnellement.
Ça chauffe sur les bancs de classe
L’éducation nationale fait aussi la Une de Akhbar Al Yaoum. "La première rencontre entre le nouveau ministre de tutelle, Rachid Belmokhtar, et les parlementaires de la commission de l'éducation, de la culture et de la communication, pour débattre du budget de son département s’est transformée en une échauffourée entre majorité et opposition". Mais attention, ce n’est pas le budget ou le programme du ministère qui en était la cause. A en croire Akhbar Al Yaoum, c’est "le changement de lieu de la réunion et le retard du ministre" qui ont causé cet "affrontement". Ne voyant pas le ministre arriver, Abdellah Bakkali, député istiqlalien, s’est lancé dans une tirade contre le gouvernement, considérant ce retard comme un manque de respect envers l’institution parlementaire, poursuit le journal.La réaction virulente de Abdelilah Benkirane au sujet des recommandations du Colloque international sur l'éducation laisse perplexe. En tant que chef du gouvernement, ne devrait-il pas donner l’exemple, tel un enseignant, en faisant preuve d’écoute active, de sens du débat et de l’échange avant de se lancer dans des tirades bien virulentes qui sont le panache d’un homme politique partisan ? Quant à l'accueil réservé à Rachid Belmokhtar au Parlement, on se demande pourquoi l’opposition s'acharne sur des détails au lieu de s'attaquer à l'essentiel à savoir la stratégie de la tutelle ? Faudra-t-il, une nouvelle fois, tirer certaines oreilles avant que l’éducation nationale ne soit véritablement prise au sérieux par nos politiques et que ces derniers se décident à faire leurs devoirs ?