Rachid Bhyer a servi au Collège royal pendant la période évoquée par Moulay Hicham dans son livre. Acteur privilégié de l’enseignement au Collège royal, son témoignage est d’autant plus précieux que l’homme, très discret, s’exprime rarement en public. Ce témoignage, qui rétablit la vérité sur un épisode crucial du livre "Journal d’un prince banni", met définitivement sur la touche Moulay Hicham et ses prétendues études au Collège royal. Entretien exclusif.
Le360: Le dernier livre publié par le Prince Moulay Hicham a mis en partie la lumière sur l’enseignement au Collège royal, un enseignement aussi strict que traditionnel. Qu’en pensez-vous ?
L’enseignement au Collège royal est un enseignement moderne et d’excellence. En créant cette institution, Feu Mohammed V a voulu la faire à l’image du Maroc, un pays qui tout en préservant son authenticité et ses valeurs s’ouvre sur les divers horizons du savoir. Du temps de SM Mohammed VI, alors prince héritier, Feu Hassan II a perpétué ce principe en veillant à prodiguer un enseignement selon les normes pédagogiques les plus à la pointe en ce temps-là. Le corps enseignant de diverses nationalités accomplissait sa mission sous l’œil bienveillant de Feu Hassan II qui veilla scrupuleusement à ce que les élèves soient traités de manière juste et impartiale même au-delà de la porte du Collège royal.
Toujours dans son livre, Moulay Hicham affirme qu’il était, par réflexe de courtisanerie, systématiquement défavorisé par rapport à son cousin Sidi Mohammed, notamment dans le sport ou les séances d’entraînement militaire…
Permettez-moi tout d’abord de vous assurer que le prince Moulay Hicham n’a jamais suivi le cursus pédagogique de l’école princière et encore moins du Collège Royal. J’ai été profondément choqué par ses affirmations. Je voudrais exprimer mon grand étonnement et je m’interroge sur les objectifs derrière une telle imprécision pour ne pas dire mensonge. Je ressens aujourd’hui une grande tristesse, étant obligé de démentir un prince descendant d’une famille pour qui je voue tant de respect.
Quelles sont les activités parascolaires auxquelles Moulay Hicham a participé en compagnie de son cousin le roi du Maroc?
Le prince Moulay Hicham n’a participé qu’à de rares activités avec sa majesté le roi Mohammed VI. Le nombre de ces activités se compte, d’ailleurs, sur les doigts d’une seule main. A ce sujet, le prince Moulay Hicham a quitté très vite le scoutisme après n’avoir participé qu’une ou deux fois aux activités, n’aimant pas se mêler au reste des participants. Pour ce qui est du sport, n’ayant jamais été ni à l’école princière ni au Collège royal, il est de notoriété publique que Moulay Hicham ne partageait pas les activités sportives des princes. Donc, toutes les références du livre à un quelconque favoritisme en faveur du prince héritier Sidi Mohammed sont archi-fausses ! Par ailleurs, et concernant un prétendu entraînement militaire parallèle au cursus pédagogique, c’est une assertion totalement imaginaire : les seules activités parascolaires du collège, et dont je supervisais d’ailleurs le programme, étaient à caractère culturel, artistique et sportif.
Le Prince Moulay Hicham se prévaut aussi de l’amitié du Cheikh Mohammed Bin Zayed al-Nahyan qu’il a côtoyé sur les bancs du Collège royal…
C’est encore une fois archi-faux ! Son altesse Cheikh Mohammed n’a jamais été ni à l’école princière ni au Collège royal. A ma connaissance, le Cheikh a suivi un tout autre cursus de formation. L’erreur ou la grosse confusion de l’auteur du livre pourrait venir du fait que Feu Mohammed Aouad, à l’époque ministre en charge de l’Education des princes et princesses, veillait par ailleurs, durant une période, sur l’éducation de Cheikh Mohammed Bin Zayed al-Nahyan. Les contrevérités de ce livre me laissent sans voix. Heureusement qu’il existe des documents, des photos, des reportages filmés et des témoins encore en vie pour mettre le Collège royal à l’abri de toute tentative de mystification.
Qui est Rachid Bhyer ?
Après un passage dans le scoutisme, Rachid Bhyer a entamé sa carrière au service de la formation des princes et des princesses, il y a plus de 40 ans. En 1977, il a été promu surveillant général au moment où Mohamed Chafik avait été porté à la direction du Collège royal. Responsable des encadrants, il a accompagné le roi Mohammed VI, alors prince héritier, ainsi que les membres de la famille royale dans leur cursus au sein des institutions pédagogiques du Méchouar à Rabat et, plus tard, sur les bancs de l’université.