Victime, à Casablanca, vendredi 11 juillet, d’une agression qui l’a ébranlé comme elle a choqué la société civile, le Rabbin Moshé Ohayon parle cependant sans aigreur aucune de cette première expérience de la violence qu’il aura vécue, ce jour-là, en tant que Juif marocain, dans son propre pays. Au contraire, il reste souriant et serein quand il parle de son Maroc, ne revenant sur l’agression elle-même que quand la question lui est directement posée et préférant évoquer le respect dans lequel il a toujours vécu : "Nous sommes Marocains, et personne ne nous a jamais manqué de respect. Où que j’aille, tout le monde me connaît. Cet incident, c’était le destin, "kudrat Allah" … L’essentiel est que le Maroc reste ce Maroc que l’on connaît, un Maroc grand aussi bien dans l’esprit des étrangers que des Marocains de toute confession".
Ainsi a parlé le Rabbin Moshé Ohayon, samedi soir, chez lui où il a reçu plusieurs membres de la société civile qui ont tenu à venir le saluer et lui exprimer leurs regrets et leur soutien. Une initiative d’Amine Lagssir, de l’association Marocains pluriels juniors, et d’Elmehdi Boudra, du Club Mimouna. Moshé Ohayon leur a ouvert sa porte comme il a accueilli les membres des deux associations, le rabbin Jacky Sebbag, Fatna Elbouih, l’écrivaine Valérie Morales-Attias, le Dr Patrice Attias, l’artiste Jauk Elmaleh, Fayçal Ziza de l'Association Droit de cité, Redouane Bouwiziri de l'Association Aghane à Ouarzazate, l’écrivain Abdellah Anjar, Ahmed Ghayat de l’association Marocains pluriels.
Marocains frères, nourris aux mêmes mémoires et au même lait"Les gens qui disent ne pas aimer le Maroc ou ne pas aimer le Roi, je ne les aime pas", dira avec humour le Rabbin Moshé Ohayon, un humour qui lui a permis de contenir, dans un premier temps, l’émotion qu’il exprimera juste après ce touchant prélude. Celle de son attachement à sa terre, une terre où, "juifs et musulmans sont frères depuis toujours. Nos parents, nos grand-parents, nous racontaient que, quand une mère juive devait par exemple se rendre au marché, une mère musulmane allaitait ses enfants, et réciproquement. Rien ne nous a jamais distingués les uns des autres. Et nous prions Dieu pour que tout aille pour le mieux dans cette marocanité que nous partageons".
Des mots simples. Une présence aussi douce que le Maroc authentique dont il défend la grandeur et la dignité. Un moment d’émotion qui s’est clos sur un moment d’une tout aussi belle intensité: celui d’une prière partagée, une prière pour la paix accompagnée de "Douaa" au roi Mohammed VI, au prince Moulay Hassan, à la princesse Lalla Khadija, au prince Moulay Rachid...