Le procès du réseau impliqué dans un trafic international de drogue se poursuit à la Chambre criminelle chargée des crimes financiers près la Cour d'appel de Rabat. La plus célèbre affaire du genre retient l’attention des observateurs en raison du nombre et de la qualité des accusés.
Ils sont 46 à comparaitre devant les juges, dont 20 hauts responsables de la police, de la justice, de la douane, de l’intérieur et de l’administration pénitentiaire. L’audience de mercredi a été riche en rebondissements et a connu de vives confrontations entre cinq accusés principaux et des hauts responsables de la sûreté nationale ayant exercé à M'diq, Tanger, Inezgane et Larache.
Un baron de la drogue a livré un témoignage explosif en avouant avoir introduit à 18 reprises près de 423 tonnes de drogue en Europe en passant par l’Espagne. Tous les autres accusés ont récusé les chefs d’inculpation retenus contre eux dans les PV du BCIJ et du juge d’instruction. Mais la cour composée de hauts magistrats les a confrontés à leurs déclarations, à leurs communications téléphoniques, à leurs comptes bancaires bien garnis et à leurs biens immobiliers.
Un ex-chef de district à Tanger, un commissaire des RG et un ex-chef de district de M’diq ont nié toutes les accusations malgré les preuves que leur opposait le président de la cour. Un haut cadre de la douane a essayé de se dédouaner en déclarant qu’il avait déjoué une tentative de trafic de 6 tonnes de hachich. Mais le président de la cour l’a cloué au pilori en lui rappelant qu’il avait avoué avoir reçu un prêt d’un million de dirhams de la part d’un baron de la drogue.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du vendredi 15 novembre, qu’un accusé de nationalité espagnole a affirmé devant la cour que sa relation avec un accusé principal était purement commerciale. Il a ajouté être propriétaire d’une société d’exportation de poissons du Maroc vers l’Espagne et qu’il ignorait la nature de l’opération suspecte effectuée sur des camions relevant de sa société. Et l’accusé espagnol de poursuivre être arrivé à Dakhla pour une journée et avoir été hébergé chez l’accusé (M.A) dans le but d’effectuer un chargement de poisson et non pas de stupéfiants.
Cette affaire remonte au mois d’avril 2016 quand le BCIJ avait saisi un camion contenant deux tonnes de chira dans le port de Tanger. L’enquête diligentée par les fins limiers du BCIJ a permis de démanteler tout un réseau de trafic international où figuraient de hauts responsables de la sureté nationale, de la douane et de l’administration pénitentiaire.