Alors que le livre est intitulé Maroc: Les Enquêtes interdites, un bandeau le survend avec ce titre à l’actualité brûlante: Au cœur de l’affaire Pegasus. Omar Brouksy aurait donc veillé jour et nuit pour sortir un pavé de 500 pages sur l’affaire Pegasus? A-t-il été mis au parfum de ce dossier plusieurs mois avant que les médias ne le rendent public au mois de juillet? En tout cas, compte tenu du nombre de pages que compte ce livre, on est interloqué par la faconde de son auteur et l’on se demande ce que va bien pouvoir nous révéler Brouksy, plutôt réputé pour réchauffer des informations connues de tous et habitué à emprunter les sentiers battus.
En ouvrant le livre, on est interloqué par cette double mention dans la page de garde, placée sous le titre qui orne la couverture: Mohammed VI derrière les masques suivi de La République de Sa Majesté. Ces deux titres suscitent vaguement une impression de déjà-vu. Ils ne revêtent pas le caractère d’une évidence qui s’impose à l’esprit, mais plutôt celle d’un parasitage qu’il convient de fixer pour s’en débarrasser. Les deux titres sont donc soumis à Google et tout s’éclaire.
Omar Brouksy et son éditeur, Yannick Dehée, ont rassemblé dans une nouvelle parution deux livres antérieurs, publiés respectivement en 2014 et 2017. Le supposé pavé sur l’affaire Pegasus n’est donc que la réédition de ces deux livres en un seul volume. La couverture du livre n’est qu’un trompe-l’œil. Quelle déception!
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Le360 a déjà rendu compte des deux ouvrages Mohammed VI derrière les masques et La République de Sa Majesté. Ne revêtant aucun intérêt, ces deux livres ont été naturellement des flops en librairie.
Stigmatisés par l’échec de ses deux précédents livres, Omar Brouksy et son éditeur espèrent leur donner une nouvelle vie en les rassemblant dans un seul volume avec un titre neuf et un bandeau mensonger. Pour justifier cette manœuvre contre-nature dans le monde de l’édition, le fondateur et directeur de Nouveau Monde Editions, Yannick Dehée, écrit dans la préface que les deux livres de son auteur sont «le corps du délit», qui aurait provoqué l’espionnage du smartphone de Brouksy par le logiciel Pegasus.
La ficelle est un peu grosse et il faut se retenir de pouffer de rire. Et l’éditeur d’ajouter: «La meilleure protection que nous puissions aujourd’hui fournir à Omar Brouksy reste la plus large diffusion possible de ses travaux». Autrement dit, les vendre. Et merci de bien vouloir les acheter!
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L’éditeur se trompe sur toute la ligne en pensant surfer sur la vague de Pegasus pour donner une deuxième chance à des livres invendus. Ces deux livres portent en eux les tares incurables de leur auteur. Il manque à Omar Brouksy toutes les qualités qui font le succès de ce genre de livres: des sources non fictives, des révélations qui n’ont pas déjà été servies dans des périodiques, la capacité d’une analyse en dehors du prisme trop facile de la diabolisation du sujet et surtout… le talent. Omar Brouksy est dépourvu de talent.
Alors M. Dehée, vous pouvez surfer dix fois sur l’actualité, avec dix bandeaux incitatifs et autant de rééditions… pour vendre les livres de Brouksy. C’est peine perdue.
En tant qu’éditeur, vous devriez savoir qu’il existe une seule règle d’or pour qu’un livre intéresse le public: un travail sérieux, documenté, nécessitant un temps long, des vérités établies, loin du sensationnalisme et des vagues à la mode et… du talent. Tout ce qui manque à Brouksy.