Elles ont découvert que leurs photos privées circulent librement sur les réseaux sociaux.
Nous avons tous des photos et des vidéos qui font partie de notre vie privée, intime, professionnelle, familiale ou autre.
Nous captons des moments importants de notre vie pour les mémoriser, les graver dans notre histoire individuelle ou collective, comme pour défier le temps et lutter contre l’oubli.
Ces vidéos et ces photos nous appartiennent. Nous les protégeons du regard d’autrui ou de toute personne malveillante, atteinte de voyeurisme. Des photos qui peuvent être utilisées pour nous porter atteinte.
Nous refusons que des indiscrets s’en emparent, même si ce sont juste nos réunions familiales ou amicales, nos voyages, nos fêtes…
Imaginez que vous stockez des photos et des vidéos encore plus intimes, à caractère sexuel, utilisant des applications de messagerie et des plateformes de stockage électronique.
Un jour, vous constatez que vos photos et vidéos deviennent publiques! Le drame!
C’est ce qui s’est passé il y a quelques jours!
Que signifie «photos et vidéos à caractère sexuel»?
Des prises de corps dénudés partiellement ou totalement, dans des positions suggestives, érotiques ou carrément pornographiques. Une fois publiques, elles deviennent compromettantes. Sorties de leur contexte, elles vous portent préjudice!
Et comme par hasard, ce ne sont que des corps féminins qui sont visés!
Que font ces photos et vidéos dans les plateformes et messageries électroniques?
Il arrive qu’une femme envoie, de son plein gré ou sollicitée par son amoureux, fiancé, partenaire ou époux, des photos de son intimité.
Ou des photos et vidéos que prennent des jeunes filles et des femmes pour s’amuser et les échanger entre elles, en toute innocence.
Ne pas oublier qu’on n’a plus d’appareils photo, remplacés par les smartphones. Fini le temps des pellicules que les studios développent en photos que l’on classe dans des albums. Nos téléphones sont nos albums photo, le stock de notre intimité.
Mais souvent, ce sont des jeunes filles qui exhibent leur corps, parfois dans sa stricte intimité, pour séduire des internautes et, pourquoi se mentir, dans l’objectif de prostitution. Beaucoup d’entre elles refusent qu’on les lie à la prostitution. Mais comment nommer l’exhibition de son corps pour attirer des partenaires riches, avec lesquels la relation est monnayée en argent ou en cadeaux?
Un phénomène qui explose avec internet. De plus en plus de jeunes filles s’adonnent à ces pratiques. À peine sorties de l’enfance, adolescentes, mineures. Elles rivalisent en beauté, en habileté, pour valoriser leur corps, leurs cheveux, leur visage… Avec internet, elles apprennent des poses pour se photographier en sublimant leurs atouts, dignes des plus grands photographes!
Dans leurs vidéos, elles s’expriment avec un ton mielleux, regard doucereux, lèvres sexy, dans des dialectes arabes, mais non marocains. Vous avez deviné: des dialectes de riches pays du Golfe.
Pourtant, elles peuvent être contrôlées par leurs parents: elles sont chez elles, sagement. Mais elles surfent sur leur smartphone, livrées à tous les dangers de la part d’internautes-rapaces.
Des rapaces qui changent de profils. Avec une adolescente pétillante, ils lui chantent l’amour éternel, le bonheur dans le luxe et la réalisation de tous ses rêves. Elle envoie des photos et des vidéos correctes. Plus le temps passe, plus le rapace demande à voir ses seins, ses cuisses, ses fesses… Parfois le tout!
Elle envoie la photo de ses seins, en toute naïveté. Elle est piégée! Il la menace de publier ses photos si elle n’envoie pas d’autres à caractère pornographique. Effrayée, elle ne peut en parler à ses parents. Parfois, elle envoie de l’argent au rapace qui la fait chanter.
Aucune plateforme ou messagerie électronique n’est totalement fiable. Récemment, des hackers ont piraté de nombreux comptes de réseaux sociaux de Marocaines, Algériennes et autres femmes arabes. Des milliers de photos et vidéos intimes stockées dans Telebox, plateforme de stockage de Snapchat, ont fuité et circulent dans des sites de partage de photos, avec parfois l’identité et les coordonnées des femmes. Car les victimes ne sont que des femmes. La violence numérique est orientée femmes!
Que de jeunes filles et femmes sont obligées de payer le pirate pour qu’il arrête la diffusion de leurs photos. C’est ce qu’on appelle des sextorsions, des pratiques qui deviennent courantes et qui échappent aux autorités car les victimes gardent le silence pour éviter chouha.
L’impact psychologique de cette violence sur les victimes est énorme et peut briser des familles et des couples. Il peut faire de la vie des victimes un enfer lorsque les parents, la famille, les camarades de classe, les collègues, la hiérarchie, les clients, les voisins… se saisissent de leur intimité, même si elle n’est pas à caractère sexuel.
Quelle leçon retenir de cette profanation de la vie privée?
C’est à la justice d’agir puisque nos lois garantissent la sécurité numérique. Mais il n’est pas toujours possible d’identifier la personne ou l’équipe responsable de la fuite.
Les parents et l’école devraient, sans cesse, mettre en garde les filles contre les risques des sextorsions.
Sans devenir paranoïaque, il faudrait que l’on fasse attention au stockage de nos vidéos et photos. Moi-même je ne le fais pas assez! Les téléphones peuvent être piratés, ainsi que toutes les plateformes numériques et même les caméras dans les foyers, censées sécuriser les habitants!
Tout peut être piraté, y compris, bientôt, nos cerveaux!