La réaction de l’Observatoire amazigh des drois et libertés (OADL) ne s’est pas fait attendre à propos de la proposition de loi sur le renforcement du statut de la langue arabe. Dans un communiqué, il dénonce le caractère idéologique de ce texte et condamne le laxisme du gouvernement quant à l’adoption de la loi organique qui va permettre la consécration du tamazight comme langue officielle du royaume. L’Observatoire, présidé par l’intellectuel et activiste amazigh Ahmed Assid, qualifie la proposition du PJD de manoeuvre en totale contradiction avec les propos tenus par Abdelilah Benkirane, chef de l’Exécutif, lors de la présentation de la déclaration gouvernementale. Benkirane avait affirmé que la loi organique portant officialisation de la langue amazighe était l’une des priorités de son gouvernement.
A quoi joue le PJD ?
Dans un entretien avec Le360, Meryem Demnati, militante de la cause amazighe, chercheuse à l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et membre de l’OADL, estime que la proposition de loi sur la protection de l’arabe "va à l’encontre des recommandations royales, de la Constitution et de la déclaration de Benkirane au début de son mandat". L’OADL n’y va pas par quatre chemins et accuse ouvertement le PJD de vouer une haine idéologique à la langue amazighe. Il trouve aberrant que la langue arabe, qui est d’ores et déjà langue officielle et internationale, soit associée au terme "protection", généralement utilisé pour des langues en danger de disparition, comme c’est le cas pour l’amazigh. Une langue qui a été longtemps marginalisée. Selon Demnati, "nous n’avons jamais rejeté l’arabe, mais le PJD voue une hostilité au tamazight. On dirait qu’il souhaite qu’il soit éradiqué. Maintenant, alors que cette langue, l’unique langue autochtone au Maroc, refait surface, on a l’impression que le PJD perçoit sa revitalisation comme une menace".
L’OADL accuse également les auteurs de la proposition de loi sur le renforcement du statut de l’arabe de vouloir manipuler les masses en écrivant dans le texte de présentation de la proposition créant la polémique, que la loi sur l’arabe, une fois adoptée, sera étendue à l’amazigh, après sa consécration comme langue officielle. Il ne s’agit là que de désinformation, selon l’OADL, qui estime que le tamazight est désormais une langue officielle et que sa loi organique n’a pas besoin d’une loi sur l’arabe pour qu’elle soit adoptée.