Ils font la loi sur nos plages. Ils exigent taxes et autres dîmes pour accéder à «leur domaine» qu’ils se sont appropriés illégalement le temps d’un été. Le scénario se répète chaque année aux premiers jours de l’été et dès que le mercure commence à monter. Les familles et les estivants qui se rendent à la plage sont scandalisés, dès qu’ils mettent les pieds sur le sable chaud, de voir toute la plage divisée en parcelles accessibles sur péage et contrôlées par des personnes qui ne disposent d’aucune autorisation légale pour ce faire.
Sur chaque plage, il y a de tout, commente le quotidien Assabah dans son édition du lundi 8 juillet. Cela va des tables, chaises et parasols disposés, toujours illégalement, partout sur la plage dans des endroits privilégiés et proposés à la location, jusqu’aux gardiens de voitures. Tout ce beau monde commence très tôt dans la journée par installer son matériel et délimiter son territoire. Puis ils commencent leur racket. Pour pouvoir s’installer près de l’eau, surtout pour les familles qui emmènent leurs petits enfants à la plage, il faut débourser entre 20 et 60 dirhams, selon les plages.
Il ne faut pas espérer planter son propre parasol là où on le souhaite, puisque tous les endroits stratégiques sont réservés, prévient Assabah. Pratiquement toutes les plages sont touchées par ce phénomène, constate le quotidien. Même les plages municipales et celles qui sont soumises à un régime de gestion déléguée par les autorités communales, comme le cas d’Ain Diab à Casablanca, sont aujourd’hui concernées.
Ceux qui n’arrivent pas à s’imposer en tant que «caïd» sur les plages s’improvisent gardiens de voitures. Pour cela, ce n’est pas non plus sorcier. Il suffit de baliser un terrain limitrophe ou s’approprier le bas-côté de la chaussée, mettre un gilet jaune et commencer à collecter 10 dirhams par véhicule. Pour cela, ils ne bénéficient pas non plus d’autorisation. Une famille de quatre personnes débourse jusqu’à 80 dirhams en taxes, entre la location du parasol (30 dirhams), les chaises (40 dirhams) et le gardien de voiture (10 dirhams). On imagine combien peuvent gagner ces personnes sans fournir aucun effort et surtout sans aucun droit.
Il va sans dire que les autorités locales, souvent alertées par le ras-le-bol des estivants, entreprennent de temps en temps des opérations de «libération» des plages. Cela dure généralement quelques jours, mais le plus souvent sans résultat. Les «seigneurs» des plages reviennent en effet à leurs juteuses affaires dès qu’ils n’aperçoivent plus aucun uniforme dans les parages.