Entre 1960 et 2015, la proportion des personnes âgées est passée de 7,4 % à 10 %, soit un effectif actuel d’un peu plus de 3 millions de personnes, dont près de 52,2% sont des femmes et 48% des hommes. 55,7% d’entre elles résident en milieu urbain.
Cette transition démographique est une conséquence de la baisse des taux de natalité et de mortalité qui se traduit par une augmentation de l’espérance de vie moyenne à la naissance.
Selon les projections du HCP, les personnes de plus de 60 ans représenteront 14,1% de la population en 2025, 15% en 2030 et près de 25% en 2050 (leur proportion sera supérieure à la population des enfants de moins de 15 ans). Le taux de la population âgée augmenterait, donc, selon un rythme annuel moyen de 3,3% contre 0,3% pour la population totale.
Espérance de vie: mieux vaut être une citadineLes différences restent toujours substantielles entre le milieu urbain où l’espérance de vie à la naissance atteint 77,3 ans, et le milieu rural où elle se situe à 71,7 ans. Les femmes ont une espérance de vie légèrement supérieure à celle des hommes (75,6 contre 73,9 ans). Les femmes vivant en milieu urbain ont le niveau d’espérance de vie à la naissance le plus élevé (79,4 ans), et les hommes en milieu rural le plus bas (70,6 ans).
Le Maroc se retrouve face à un double défi : un accroissement substantiel de la proportion des personnes âgées dans la population totale, mais aussi de la persistante dépendance des enfants et des jeunes de moins de 25 ans qui représentent, selon les statistiques du HCP en 2011, 46% de la population.Si en Europe la dépendance accrue des personnes âgées va de pair avec une diminution drastique de la dépendance des personnes âgées des plus jeunes, cette dépendance au Maroc, selon la Banque mondiale, continuera à peser lourd sur le budget de l’Etat et des familles jusqu’en 2040.
Ce vieillissement de la population impacte inéluctablement la croissance économique, l’épargne, l’investissement, la consommation, le marché de l’emploi, les pensions, les systèmes de santé, la taxation, les styles de vie… pour ne citer qu’eux. Autant d’impacts que les politiques publiques devraient intégrer dans leurs actions.
Mais la situation des personnes âgées s’est beaucoup dégradée et le constat est alarmant : faible niveau d’instruction, situation socio-économique précaire pour beaucoup de personnes âgées, faible couverture par le système des retraite, accès aux soins discriminant et une grande vulnérabilité des personnes âgées face aux maladies…
72% des personnes âgées analphabètes
La population âgée marocaine se caractérise par une proportion élevée de personnes âgées analphabètes (72%). Ce taux est plus élevé en milieu rural (86%) qu’en milieu urbain (62%). En 2012, le taux d’analphabétisme est plus élevé chez les femmes (87%) que chez les hommes (57%).
Selon l’enquête nationale sur les niveaux de vie (2007), 15% des chefs de ménages ayant plus de 60 ans étaient vulnérables monétairement et 9,3% pauvres.
Un tiers de la population dispose d'une ension de retraite
Le taux de couverture sociale (retraites) atteint à peine 33% de la population active, soit 3,4 sur 10,5 millions d’actifs.
En 2011, seules 18,4% des personnes âgées bénéficiaient d’une pension de retraite, dont 28,6% en milieu urbain et 3,9% en milieu rural, (33% des hommes et uniquement 4,5% des femmes).
Pour beaucoup, le revenu mensuel diminue avec la retraite, notamment pour les personnes dont le nombre d’années d’activité était réduit.
Cette situation fait que beaucoup de personnes âgées restent en activité lorsqu’elles le peuvent, pour des considérations uniquement financières.
Couverture sociale encore faible
En 2010, 80% des personnes âgées n’avaient pas de couverture médicale.
L’AMO a constitué une très grande avancée pour de nombreuses personnes âgées car elle a inclus l’ensemble des retraités, même ceux ayant cotisé toute leur vie auprès d’assurances privées et qui n’en bénéficiaient plus au moment de la retraite. A fin 2014, on comptait plus de 1,9 million d’assurés AMO et RAMED parmi les 60 ans et plus.
En Février 2014, le RAMED, couvrait 6,54 millions de personnes. Toutefois, une tranche de la population des personnes âgées n’est couverte par aucun système de couverture médicale. Les pouvoirs publics doivent se pencher sur la question pour lui permettre d’avoir accès à la santé.
Des centres d'accueil inadaptés
L’évolution de la société marocaine lors des six dernières décennies a généré une diversification accrue de la structure famillilale. La taille moyenne des ménages a nettement diminué et est passée de 1982 à 1910, de 6 à 4,9 peronnes.Cette transformation des ménages, ainsi que les multiples facteurs de vulnérabilité des personnes âgées (le handicap, les malades chroniques, etc.) constituent aujourd’hui une véritable difficulté pour les familles en matière d’offre d’assistance et de prise en charge.
Pour tenter de remédier à cette problématique, plusieurs centres d’accueil pour personnes âgées ont été créés dans le cadre des programmes de l’INDH entre 2005 et 2013. Aujourd’hui, 73 établissements abritent 20.373 personnes.
Le rapport récent du CNDH pointe une prise en charge inadaptée et non respectueuse de leurs droits et de leur dignité. L’approche de prise en charge est souvent basée sur la charité, le désengagement de l’Etat, un personnel insuffisant, pas ou peu qualifié pour la prise en charge des personnes âgées, une gestion difficile en raison de la multiplication des intervenants dans les décisions et les faibles moyens mis à disposition…
Pour améliorer la protection sociale des personnes âgées, et prioritairement de celles en situation de dépendance et ou de vulnérabilité, le rapport préconise d’améliorer le cadre juridique et institutionnel, les accessibilités, leur prise en charge des personnes âgées, leur bien-être et leur état de santé, des politiques publiques d’accompagnement sans oublier les personnes âgées résidant à l’étranger qu’il faut soutenir.