Un procès a tenu en haleine la ville d’Oujda, ces derniers jours, notamment en raison de la qualité des individus cités dans l’affaire, dont un magistrat et un auxiliaire de justice. La tournure qu’a prise ce dossier y a été aussi pour beaucoup, lequel dossier a démarré comme une affaire d’intermédiation dans un problème de corruption pour finir sur une condamnation, vendredi 29 juillet, pour escroquerie.
Le procès s’est ainsi soldé, rapporte Akhbar Al Yaoum dans son édition du lundi 1er août, par une condamnation à quatre ans de prison ferme pour le principal accusé et une peine d’emprisonnement de trois ans pour son associé. Les deux compères ont été également condamnés à verser une amende de 500 DH chacun et 40.000 DH de dommages et intérêts aux profit de la victime.
Selon le journal, l’affaire a été soumise à délibération sur une seule journée avant que le tribunal de première instance d’Oujda ne prononce son jugement. L’accusé principal a été poursuivi, en réponse à une requête du Parquet, pour escroquerie, quand son associé a été accusé de complicité.
Ce jugement constitue une surprise pour tout le monde, notamment pour la défense de l’accusé principal et un auxiliaire de l’autorité rurale (cheikh) qui s’attendait à ce que le délit d’intermédiation dans la corruption soit intégré aux chefs d’inculpation.
L’avocat de la victime a, pour sa part, demandé, lors de sa plaidoirie, que le contenu des communications entre l’accusé principal et le magistrat cité dans l’affaire soit rendu public. Il a émis la même requête pour les appels téléphoniques effectués entre ce même magistrat et le frère de la victime.Ces appels, gravés sur un CD, ont bien été joints au dossier, mais la juge a rejeté la requête de l’avocat de la victime, arguant que ces appels faisaient partie d’une autre enquête en cours, parallèlement à cette affaire, et dans laquelle est justement impliqué ledit magistrat. Leur contenu est donc couvert par le secret d’un procès en cours.
La défense a également demandé à qualifier l’affaire comme un acte criminel impliquant une association de malfaiteurs. En conséquence, le tribunal devrait se déclarer incompétent et transférer le dossier à une juridiction compétente. Ce à quoi le ministère public s’est formellement opposé. En dernier recours, la défense de la victime a requis la peine maximale prévue par la loi dans pareille affaire. Une requête partagée par le Parquet qui la justifie par un cas de récidive.
Pendant l’interrogatoire, l’accusé principal, le cheikh, a nié toute relations avec le magistrat cité dans l’affaire. Il a assuré que la somme qu’il avait perçue n’était autre qu’une créance qu’il détenait contre la victime et a affirmé avoir usé de ce stratagème pour se voir restituer son dû. Il n’a toutefois pas pu expliquer pourquoi il avait effectué 12 communications téléphoniques avec le magistrat en l’espace de seulement six heures.
Pour rappel, les mis en cause, l’auxiliaire d’autorité (cheikh) et son complice, ont été pris en flagrant délit, le 20 juillet, alors qu’ils recevaient une somme de 50.000 DH des mains de la victime. Ils ont été arrêtés par la police judiciaire et ont été mis en détention préventive.