Mobilisation pour la réouverture du Complexe Al-Hurriya de Fès

Le centre culturel Al-Hurriya de Fès. (Y.Jaoual/Le360)

Fermé depuis plus de cinq ans, le complexe culturel Al-Hurriya de Fès est aujourd’hui au cœur d’une vaste mobilisation. Acteurs culturels, artistes et membres de la société civile ont lancé un cri d’alarme sur les réseaux sociaux pour préserver le dynamisme culturel de la capitale spirituelle du Maroc.

Le 03/02/2025 à 14h29

Fermé depuis plus de cinq ans en raison de travaux de réhabilitation, le complexe culturel Al-Hurriya de Fès fait l’objet d’une large mobilisation citoyenne et artistique. Ce lieu, inauguré en 2004, était autrefois un espace incontournable pour les événements culturels et artistiques de la ville avant d’être fermé pour rénovation. Mais les travaux ayant été interrompus, le théâtre à l’abandon est dévenu un refuge pour les sans-abri.

Face à cette situation, de nombreux artistes et acteurs culturels de Fès ont lancé une campagne en ligne sous le hashtag #Ouvrez_les_portes_du_complexe_culturel, qui dénonce l’inaction des autorités et appellent à l’accélération des travaux. Un collectif a également adressé une requête aux autorités compétentes afin de relancer le chantier.

«Cette situation est un véritable frein à la dynamique culturelle de Fès, une ville qui souffre déjà d’un manque criant d’espaces adaptés aux manifestations artistiques. Cet état de fait a poussé la communauté artistique à se mobiliser sur les réseaux sociaux», argumente Oussama Al-Aziri, metteur en scène et directeur de l’association «Créateurs et Créatrices».

Mohamed Alami, directeur artistique et chercheur en culture et communication, abonde dans le même sens: «La réouverture du complexe n’est pas seulement une revendication artistique, mais une urgence pour restaurer l’influence culturelle de Fès. Cela dépasse les seuls artistes: c’est toute la population qui est privée d’un accès à des spectacles et à des événements culturels de qualité».

Il pointe également la responsabilité des autorités locales et nationales dans cette crise. «La gestion de ce dossier par le conseil communal de Fès révèle d’un manque de vision stratégique. De plus, le ministère de la Culture, en tant qu’instance de tutelle, doit prendre ses responsabilités pour garantir l’existence d’infrastructures culturelles dignes des attentes des artistes et du public», martèle-t-il.

Plusieurs raisons expliquent le retard dans les travaux, d’après le maire de la ville, Abdesslam El Bekkali: l’absence de validation budgétaire en 2022 et 2023 et le retrait du bureau d’études en charge du projet après l’attribution du marché de rénovation intérieure en 2024 pour cause de faillite. Toutefois, un nouveau bureau d’études ayant récemment été sélectionné, le démarrage des travaux est prévu pour février 2025.

Alors que le complexe Al-Hurriya aurait dû être un pilier du rayonnement culturel de Fès, il demeure aujourd’hui un symbole de l’inaction et des blocages administratifs. Les artistes et citoyens mobilisés réclament une approche participative pour la relance du projet, impliquant créateurs, acteurs culturels, cinéastes et jeunes talents, afin de redonner vie à la scène artistique de la ville.

Dans l’attente d’une réaction concrète des autorités, la mobilisation continue à travers des pétitions et des actions en ligne. L’objectif? Attirer l’attention des décideurs et impulser une politique culturelle digne du statut de Fès.

Par Youssra Jaoual
Le 03/02/2025 à 14h29