Meurtre pour une bouteille de verre

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Revue de presseDrôle d’affaire que celle qui a été jugée récemment par la cour d’appel de Ouarzazate. Un entrepreneur espagnol écope d’une peine de 20 ans d’emprisonnement pour le meurtre d’un marocain. Le motif ? Une bouteille de verre estimée à 20 millions de centimes.

Le 09/09/2013 à 20h49

Al Ahdath Al Maghribia nous raconte un fait divers assez insolite dans son édition du mardi 10 septembre. "Une affaire de meurtre prémédité et de vol caractérisé coûte 20 ans de réclusion à un entrepreneur espagnol, après que celui-ci a ôté la vie à un habitant de Ouarzazate, avec la complicité de deux marocains". Les faits remontrent au 18 avril 2010, date à laquelle des éléments de la gendarmerie nationale ont découvert le cadavre d’un homme à quelques kilomètres de la ville. La victime aurait été tuée à l’arme blanche, suite à quoi les suspects ont pris la fuite. Mais le plus intéressant reste la raison du méfait. "La victime aurait eu l’intention de vendre une vielle bouteille, vraisemblablement utilisée dans la confection de pierres précieuses et d’explosifs, à un entrepreneur espagnol du nom de Francisco Quesada Castro. Ce dernier aurait refusé de payer les 200.000 dhs demandés par la victime en échange de la bouteille, suite à quoi il s’est attaqué à lui avec la complicité de deux amis marocains". Une longue procédure Etonnant, aussi, le déroulement de l’affaire : "Un premier jugement a été prononcé le 9 décembre 2010, condamnant les deux accusés marocains à 15 ans et 2 ans d’emprisonnement, respectivement pour meurtre sans préméditation et complicité de vol. Francisco Quesada Castro n’est pas poursuivi et rentre en Espagne". Selon le quotidien arabophone, la famille de la victime s’est lancée dans une longue procédure d’appel et le jugement a été reporté à 12 reprises en raison du départ de l’accusé en Espagne. Il aura fallu que la famille de la victime adresse une lettre à Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des libertés, pour que l’affaire soit enfin réexaminée et que la cour d’appel annule l’acquittement de Francisco Quesada Castro et le condamne, par contumace, à 20 ans d’emprisonnement et 250.000 dhs de dédommagent.

Cette affaire nous rappelle à quel point il est facile que des activités étrangement lucratives tournent au drame. Elle nous pousse également à nous poser des questions quant à la capacité de la justice à agir en cas de fuite d’un malfaiteur en dehors du territoire marocain. Pour rappel, le Maroc engage une grande réforme de son système judiciaire en 2013, une procédure lancée en mai 2012 et qui devrait aboutir à l’indépendance de la justice, à la mise à niveau des ressources humaines, à l’accès à la justice, et à la modernisation de l’administration judiciaire.

Par Abir Al Maghribi
Le 09/09/2013 à 20h49