Pains traditionnels, galettes, mini-pizzas, pastillas, nems, chaussons salés, sellou et bien d’autres délices se cachent sous les petits paniers en paille de «Chez Tissnt». Différentes créations faits maison sont proposées, à déguster à l’heure du ftour ou au shour. Et les habitants d’Agadir en raffolent.
Il ne s’agit pas d’une nouvelle boulangerie, mais d’un simple carrosse tiré par une bicyclette. Une sorte de «boulangerie mobile», lancée par Yasmine, une jeune amoureuse de cuisine.
Ayant quitté les bancs de l’école pour poursuivre une formation en cuisine, Yasmine s’est vite retrouvée au chômage. Une situation que la jeune femme n’a pas acceptée. Ainsi, à l’approche du ramadan, marqué par une forte demande pour les produits boulangers, elle a décidé de lancer son projet et faire de sa passion une source de revenus.
«Je n’ai pas voulu rester à la maison à ne rien faire. J’ai donc pensé à lancer un projet qui me permettrait de gagner de l’argent et d’aider ma famille», raconte Yasmine, qui a appris, encore petite, à faire du pain et d’autres produits de boulangerie, notamment ceux salés, auprès de sa mère. «Cela m’a inspirée pour commencer à vendre ces produits.»
Un concept moderne avec une touche traditionnelle
Yasmine s’est donc inspirée d’un savoir-faire familial pour lancer son projet. Si sur son petit carrosse joliment décoré, elle expose des mets réinventés, la touche artisanale et traditionnelle est percevable de loin. Du nom du projet à la décoration tout en passant par les matières utilisées, celle-ci est omniprésente.
Lire aussi : Marrakech: Mounia Hamdouni, la bouchère qui charcute les idées reçues
Le nom «Chez Tissnt», par exemple, tire ses origines dans la culture amazighe. «Tissnt est un mot amazigh qui signifie sel», fait savoir Yasmine. «J’ai choisi ce nom parce que le sel est le symbole de l’abondance et de la bénédiction.»
Elle ajoute: «Dans notre langue, on dit aussi “partager le sel”, ce qui signifie partager la nourriture en famille, entre amis, entre voisins. Et c’est ce lien social que je veux partager avec tous mes clients. Je veux que chaque client aime ce que je prépare, qu’il y trouve du plaisir et surtout qu’il soit satisfait et qu’il revienne une autre fois.»
La jeune entrepreneure veut refléter l’histoire riche de sa région à travers la décoration aussi. «J’ai choisi des matériaux naturels comme la paille parce que ce sont des produits artisanaux qui reflètent notre tradition», note-t-elle.
Lire aussi : Vidéo. A Ouazzane, les figues séchées, un savoir-faire ancestral pour des salaires de misère
Pour confectionner ses produits, Yasmine a aussi recours à des matières ancrées dans l’histoire culinaire du Maroc. «J’utilise dans plusieurs de mes préparations de la farine de blé complet, de l’orge, et même du sarrasin. Je prépare aussi des pains aux olives, aux raisins secs, etc.», détaille-t-elle.
Une expérience enrichissante et de développement personnel
Si aujourd’hui Yasmine s’exprime en toute confiance devant la caméra et échange ouvertement avec ses clients qu’elle semble bien connaître, cela n’a pas toujours été le cas. Les premiers jours de cette jeune femme inexpérimentée dans le commerce ont été une véritable épreuve. «J’étais réticente au début et un peu perdue. Je ne savais pas vraiment comment gérer un commerce», confie-t-elle.
Mais Yasmine a vite appris l’art du commerce et de la gestion. «J’ai appris petit à petit comment vendre mes produits et attirer de nouveaux clients», se félicite-t-elle, soulignant que cette expérience lui a également permis de développer sa personnalité. «J’ai également appris à être extravertie, sociable et à avoir confiance en moi pour entretenir une bonne relation avec les clients.»
Lire aussi : Ouazzane: à partir du bois d’olivier, ce menuisier crée de véritables œuvres d’art
Ayant réussi à rentabiliser son projet, la jeune femme se dit «fière» et «épanouie». «Aujourd’hui, j’ai mes propres clients, et chaque jour j’en acquiers de nouveaux. Les ventes que je réalise me permettent de gagner de l’argent, bien que les revenus diffèrent d’un jour à l’autre», nuance-t-elle.
Ce ramadan, Yasmine a fait ses premiers pas dans le monde de l’entrepreneuriat et du commerce. La jeune ne manque pas d’ambition: «Je continue à diversifier mes produits et à élargir mon offre. Mon projet marche bien. C’est un petit projet qui correspond à mes moyens, mais ce n’est qu’une première expérience», dit-elle, laissant penser que «Chez Tissnt» pourrait un jour devenir une grande enseigne de boulangerie.