Marrakech. Moins d'un an après leur lancement, les bus électriques au bord de la faillite

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Revue de presseKiosque360. Deux ans après sa création, la société chargée de la gestion des bus électriques, à Marrakech, risque de déclarer faillite. Le maire de la ville a démis de ses fonctions la directrice, qui a refusé de lui remettre les clés de l’entreprise.

Le 25/07/2018 à 21h20

La directrice générale de la société des bus électriques a menacé de remettre les clés de l’entreprise au ministère de l’Intérieur au lieu de les restituer au Conseil de la ville, après avoir été licenciée par le maire de Marrakech. Elle menace de porter plainte contre ce dernier, qui justifie sa décision par l’échec commercial de ce projet qui peine à atteindre les objectifs qui lui sont fixés depuis deux ans. Le maire est d’autant plus contrarié qu’il a du mal à trouver un remplaçant à l’ancienne dirigeante, même parmi les cadres de la commune qui sont sous ses ordres. Un ingénieur municipal a refusé cette offre en mettant en avant la loi qui interdit à un fonctionnaire de diriger une société qui, de plus, connaît de graves difficultés financières pouvant la mener à la faillite.

Notre confrère Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 26 juillet, que le limogeage de la directrice, deux ans après sa prise de fonction et une année après le début de l’exploitation des bus électriques, est dû à son échec dans la gestion de la société. On est loin des objectifs fixés, notamment en matière de nombre de passagers, de couverture et de maintien de l’équilibre budgétaire. On reste loin des prévisions au niveau de l’investissement, qui devrait doubler pour permettre au parc des véhicules de passer de 10 à 30 bus afin d’ouvrir une deuxième ligne reliant le quartier Mhamid à Jamaâ El Fna, après celui desservant le quartier Al Massira à Bab Doukkala.

Ce qui est aberrant dans ce projet, c’est que le maire PJDiste l’a présenté, il y a seulement trois mois, dans une foire en France, comme étant le premier du genre au niveau arabe et africain. Les conseillers communaux du PJD en ont fait leur cheval de bataille écologique en multipliant les déclarations à la presse et en le qualifiant de «projet du siècle». Pourtant, la mise en circulation des bus électriques, qui a englouti un budget de 240 millions de dirhams, n’est même pas arrivée à couvrir les salaires des employés, dont celui de la directrice qui atteint 40.000 dirhams. D’autant que seuls cinq bus, sur les dix acquis, sont exploités, faute de passagers suffisants à même de couvrir les frais de circulation. Les recettes quotidiennes d’un bus électrique varient entre 500 et 600 dirhams, alors que ceux de la société Alsa, qui exploite la même ligne, atteignent dix fois plus, soit 6.000 dirhams.

Le quotidien Al Akhbar avait, dans ses éditions précédentes, prédit l’échec de ce projet dès son annonce, après avoir consulté plusieurs spécialistes en la matière. Ces derniers ont critiqué l’engouement exagéré du maire et de ses adjoints qui n’ont même pas fait d’étude de marché avant de lancer ce projet et de lui consacrer des dizaines de millions de dirhams. D’ailleurs, il est tombé en panne avant son démarrage et n’a pas été mis en service avant le déroulement de la COP22 à Marrakech, comme cela était prévu. Pis encore, la mise en circulation de ces bus, en septembre 2017, a été boudée par les Marrakchis à cause du nombre insuffisant d’arrêts. Sans oublier que la ligne ouverte ne dépasse pas le Bd Hassan II, puisque le trajet est limité entre Hay Izki et Bab Doukkala, alors que les concurrents desservent les quartiers Al Massira et Jamaâ El Fna, en passant par Bab Doukkala, au même tarif.

Par Samir Hilmi
Le 25/07/2018 à 21h20