Marché de volailles de Casablanca: un transfert en stand-by, enlisé entre nuisances et silence

سوق الجملة للدواجن بالدار البيضاء

Le marché de volailles

Revue de presseAlors que les habitants du Hay Mohammadi suffoquent sous les odeurs et les nuisances du marché de gros des volailles, le sort du site reste indéterminé. Ni décision officielle de transfert ni plan alternatif ne se profilent à l’horizon. Entre promesses politiques et attentes citoyennes, le dossier semble condamné à un interminable stand-by. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 14/10/2025 à 20h04

À l’entrée du marché de gros des volailles, les gloussements des poulets se mêlent aux appels des vendeurs et aux bruits des camions de livraison. Sous les étals, une eau noirâtre s’infiltre dans les ruelles avoisinantes, dégageant des odeurs nauséabondes qui pénètrent jusque dans les habitations voisines. «Pour les familles du quartier du Hay Mohammadi, vivre à proximité du marché est devenu un supplice quotidien», relève le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 15 octobre.

Les nuisances ne s’arrêtent pas à la fermeture. Le soir, d’autres camions viennent charger les cages pleines de volailles à destination des marchés de la région. À chaque opération, des eaux souillées et des résidus s’écoulent sur la voie publique, transformant les trottoirs en foyers d’infection et en terrain fertile pour les insectes.

Sur le plan officiel, le dossier du marché semble coincé dans une zone grise bureaucratique. «Lors de la dernière session d’octobre du Conseil communal de Casablanca, Ahmed Brija, président de la commission des services publics, a révélé que le marché de gros de volailles ne serait pas intégré au grand projet de la Cité agroalimentaire prévue à Had Soualem, un chantier estimé à plus de deux milliards de dirhams», rapporte Assabah. «Nous avons été informés que le marché ne ferait pas partie de la Cité alimentaire, mais personne n’a indiqué où il serait transféré», a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une solution urgente pour le quartier de Hay Mohammadi.

Une position partagée par Youssef Rakhiss, président de l’arrondissement du même quartier, qui plaide depuis des années pour le déplacement du marché, jugé incompatible avec un environnement résidentiel dense. Malgré ces appels répétés, aucune décision officielle n’a encore été prise. Ni site de relogement ni calendrier n’ont été annoncés, souligne Assabah.

Le projet de la Cité alimentaire est présenté par les autorités comme une réponse globale pour moderniser la logistique des denrées alimentaires et améliorer les normes d’hygiène. Mais une question persiste: pourquoi le marché de volailles en a-t-il été exclu?

Cités par Assabah, des acteurs civils et politiques locaux dénoncent une incohérence. Laisser ce marché au cœur d’un quartier résidentiel va à l’encontre même des objectifs du projet. «Hay Mohammadi ne peut plus supporter des équipements aussi polluants», avertit Marouane Rachidi, vice-président de l’arrondissement, qui évoque des tensions politiques autour du dossier. Certaines associations citoyennes accusent même la maire de Casablanca de fermer les yeux sur une catastrophe écologique qui menace directement la santé des habitants.

Les médecins tirent également la sonnette d’alarme. L’humidité constante, les déchets organiques et les eaux stagnantes autour du marché créent un environnement propice aux infections cutanées et respiratoires. D’autres soulignent la multiplication des moustiques et des mouches, signes inquiétants d’une pollution chronique qui pourrait, à terme, provoquer une crise sanitaire majeure.

Sur le terrain, la lassitude est palpable. «Travailler ici est devenu impossible. Les clients se plaignent, tout le monde attend le transfert du marché», confie Saïd, un vendeur. Entre l’indifférence et l’exaspération des riverains, le marché de Hay Mohammadi demeure un symbole de la lenteur institutionnelle face aux urgences urbaines. Alors que Casablanca ambitionne de devenir une métropole moderne et durable, le sort de ce marché de volailles rappelle que la transition écologique ne peut réussir sans une approche globale.

Par La Rédaction
Le 14/10/2025 à 20h04