Mafia des enchères publiques: plusieurs suspects derrière les barreaux à El Jadida

De nouvelles dispositions fiscales sur les opérations immobilières en vigueur.

Opérations immobilières. . DR

Revue de presseTrois hommes, dont deux entrepreneurs et un fonctionnaire, ont été placés en détention à El Jadida pour falsification et manipulation de ventes aux enchères publiques. Leur arrestation marque un tournant dans la lutte contre un vaste réseau de spéculation immobilière impliquant des documents falsifiés, des complicités administratives et des transactions douteuses portant sur des biens d’une grande valeur. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 21/10/2025 à 19h15

Le procureur général du Roi près la Cour d’appel d’El Jadida a déféré, lundi, trois personnes, deux entrepreneurs et un fonctionnaire, devant le juge d’instruction, avec une demande de placement en détention préventive. Ils sont poursuivis pour falsification, manipulation de marchés publics et de ventes aux enchères à l’aide de documents falsifiés, dans le cadre d’une enquête menée par la Brigade nationale de la police judiciaire, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce mercredi 22 octobre.

Le juge d’instruction a accédé à la demande du parquet et ordonné leur incarcération à la prison locale de Sidi Moussa, dans l’attente de l’ouverture des premières séances d’interrogatoire préliminaire et détaillé.

L’un des entrepreneurs s’est retrouvé le même jour devant le procureur général du Roi dans une autre affaire, cette fois en compagnie d’un second entrepreneur et d’un notaire, accusés d’avoir spolié les biens immobiliers de l’ancien président du Conseil communal de Sidi Bennour à l’aide de faux documents.

Le parquet a décidé de renvoyer ce dossier à la Brigade nationale de la police judiciaire pour approfondir l’enquête avant de fixer une nouvelle date de présentation.

Selon des sources citées par Assabah, cette série d’arrestations marque le début de la fin d’une «mafia immobilière» opérant dans les provinces d’El Jadida et de Sidi Bennour. Elle coïncide avec une vaste campagne judiciaire visant les intermédiaires des tribunaux, dont plusieurs figures influentes ont déjà été inquiétées.

Le réseau aurait été mis à jour après un incident survenu au tribunal de première instance d’El Jadida. Un responsable administratif y a été insulté et menacé par un individu se présentant comme promoteur immobilier, furieux d’avoir été empêché de consulter des documents relatifs à un bien mis en vente aux enchères publiques.

Peu après, des héritiers ont déposé une plainte affirmant que leur bien avait été vendu pour 20 millions de dirhams lors d’une enchère organisée au tribunal, alors que sa valeur réelle dépassait 50 millions.

Les premiers éléments de l’enquête ont révélé que la société ayant remporté l’enchère ne disposait que d’un capital de 100.000 dirhams. Une disproportion qui a soulevé de sérieuses interrogations sur l’origine des fonds utilisés. Cette découverte a conduit le procureur du Roi près le tribunal de première instance d’El Jadida à ordonner à la Brigade nationale d’approfondir ses investigations, écrit Assabah.

Les trois suspects, entendus depuis vendredi par les enquêteurs, ont reconnu avoir participé à des manipulations entachant plusieurs ventes aux enchères, avec la complicité d’autres entrepreneurs, d’intermédiaires et de fonctionnaires.

Les investigations ont montré que les participants à ces ventes n’étaient souvent que des prête-noms agissant pour le compte de personnalités influentes, qui orchestraient les opérations dans l’ombre afin d’acquérir des biens à des prix dérisoires.

L’affaire la plus emblématique reste celle de ce bien immobilier attribué à une société au capital minime, transaction qui a mis en lumière un système de spéculation et de blanchiment présumé.

Les révélations se sont enchaînées: l’utilisation d’une procuration falsifiée par un fonctionnaire, aujourd’hui en garde à vue après avoir avoué l’avoir rédigée en échange d’argent, ainsi que la plainte des héritiers du bien concerné, qui dénoncent une procédure irrégulière et un prix de cession largement inférieur à l’estimation judiciaire.

Autant d’éléments qui confortent la thèse d’un réseau organisé exploitant les failles du système judiciaire et les ventes aux enchères pour s’emparer illégalement de biens immobiliers de grande valeur.

Par La Rédaction
Le 21/10/2025 à 19h15