Il est un type d’esprit, imbu de vanité, pour lequel aucune victoire footballistique n’est suffisante. À chaque triomphe, certains s’exclament ainsi: «Et après?», exigeant des succès toujours plus grands, comme si la joie présente était une monnaie sans valeur. Cette errance intellectuelle trouve un écho parmi d’autres vaniteux qui, bien que parlant indûment en son nom, méprisent les élans simples du peuple. Persuadés d’occuper un statut bien plus important, ils regardent de haut cette adhésion collective et spontanée à des événements que les Marocains estiment, justement, dignes d’être fêtés, rapporte l’éditorialiste d’Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 22 décembre.
Heureusement, le peuple accorde peu de crédit à ces théorisations pédantes et vides de sens. Il continue de jubiler à chaque victoire qui renforce sa fierté nationale. Ce vieux débat, qui réunit une catégorie de complexés s’érigeant en une «intelligentsia» autoproclamée, révèle en réalité le pouvoir unique du ballon, rond: produire une unité et une émotion que les événements politiques, culturels ou économiques peinent à susciter.
Celui qui fuit la foule tout en prétendant porter sa voix ressasse alors des lieux communs ambigus sur le «nouvel opium des peuples» ou une prétendue politique de diversion. La simplicité universelle de ce jeu exaspère ces esprits contrariés, leur rappelant amèrement que leurs prédécesseurs ont déjà perdu ce combat. Le football, lui, n’a cessé de rassembler.
Ainsi confinés dans un isolement volontaire, ils en viennent à maudire ce peuple qu’ils ne parviennent pas à convaincre que leur principal combat devrait être mené… contre le ballon rond. Survient alors l’ère moderne, où l’intelligence stratégique investit le sport, devenu le reflet de la puissance des nations qui le maîtrisent. Le «Schtroumpf grincheux» entre alors dans une colère nouvelle: il voit ses théorèmes s’effondrer et ses pronostics se retourner contre lui, face à l’allégresse populaire qui salue un nouveau titre, note l’éditorialiste.
La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) débute ce dimanche sur le sol national, dans la continuité directe d’une série de prouesses: le sacre à la Coupe Arabe, le titre de champion du monde des U20, sans oublier l’épopée historique de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. À chaque exploit, le peuple a exprimé sa joie, et il continuera de le faire. Tandis que ceux qui prétendent parler en son nom se mordront les doigts, condamnés à s’irriter, impuissants, devant chaque future victoire qui, inlassablement, unira la nation dans un même élan de fierté.







