Le mariage de jouissance se développe au Maroc

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Revue de presseKiosque360. Le mariage de jouissance, ou mariage temporaire, n'existe pas uniquement en Iran ou en Irak. Cette pratique, qu'on qualifie souvent de chiite, commence à faire son chemin au Maroc. Preuve en est, le parquet général vient d'ouvrir une enquête sur un réseau qui s’adonne à cette pratique.

Le 20/11/2014 à 04h14

Dans son édition de jeudi 20 novembre, le quotidien arabophone Al Massae rapporte que le parquet a ordonné lundi dernier de placer en garde-à-vue le principal mis en cause d’un réseau de « mariage de jouissance » pour complément d’enquête avant de le déférer à la justice en compagnie d’autres prévenus ayant bénéficié de ce type d'union. La publication fait savoir que sur instructions du parquet, la police a, en coordination avec la section de lutte contre la violence à l’égard des femmes au tribunal de première instance de Fès, longuement auditionné le principal mis en cause dans cette affaire suite à des propos choquants d’une jeune fille, victime de ce « mariage de jouissance ».

La jeune fille, qui a convolé en justes noces, s’est retrouvée après quatre mois de soi-disant mariage dans la rue, sans document ni « mari ». D’autres « mariées » victimes, au nombre de cinq, ont été auditionnées par la police, dont la plupart sont originaires du quartier Bensouda à Fès et issues de familles démunies, croit savoir le quotidien. De l’avis de la présidente du Centre Nour d’écoute et d’orientation juridique des femmes et filles en situation difficile, Khadija Hajjoubi, citée par Al Massae, les mis en cause profitent de l’état de pauvreté des jeunes victimes issues de quartiers défavorisés, ajoutant que les prévenus usent de la religion pour tromper leurs victimes, qui ne dépassent guère la vingtaine. Selon les dépositions de certaines familles, il existe d’autres victimes qui n’ont pas porté plainte à l’encontre de ce réseau par crainte d’arrestation pour débauche.

Le rêve briséDans des déclarations au journal, l’une des victimes, « Fatima Zohra. B », a relaté des faits concernant ce réseau qui prend pour cible des filles vierges pour le mariage, notamment dans le quartier de Bensouda à Fès. Elle a révélé que les membres du réseau fréquentaient leurs « épouses » le temps d’assouvir leur désir sexuel avant de les expulser du « foyer de mariage ». Les « épouses » ne pouvaient pas déposer plainte auprès des autorités compétentes par crainte de poursuite judiciaire. Fatima Zohra, qui raconte sa mésaventure, a fait savoir qu’elle s’est mariée avec une personne conformément aux préceptes de l’Islam, mais sans pour autant sceller d’acte de mariage, ajoutant qu’elle avait fait connaissance du pseudo « mari » par l’intermédiaire d’une personne bien connue de la région.

Selon ses dires, le « mari » lui avait promis de compléter les procédures de mariage et de notifier l’acte de mariage mais, à sa grande surprise, elle s'est rendue compte que le polygame était déjà marié à deux femmes. Le mariage de jouissance, qui prend souche dans les quartiers défavorisés, remet sur le tapis les pratiques de certaines idéologies de groupuscules qui ajustent les interprétations religieuses à leur propre besoin.

Par Hicham Alaoui
Le 20/11/2014 à 04h14