14 millions de Marocains restent confinés, soit 39% de la population. 80% du territoire de la «zone 2» s’étale sur le littoral atlantique, entre Tanger et El Jadida, et produit 51% de la richesse nationale. Pourtant, les habitants de cette zone devront prendre leur mal en patience et rester confinés pendant encore un mois. Dans cette zone qui couvre 16 provinces et préfectures, les habitants restent, en effet, soumis à des restrictions fermes, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 11 juin.
Dans un dossier consacré à la reconduction, pour un mois, de l’état d’urgence sanitaire, le quotidien revient en détail sur le communiqué des ministères de l’Intérieur et de la Santé explicitant les mesures d'assouplissement prévues dans ce cadre. Assabah ne manque d'ailleurs pas de soulever la confusion que font encore les Marocains entre état d’urgence sanitaire et confinement. «Celui qui saura distinguer facilement le persil de la coriandre parviendra à faire la différence entre le confinement et l’état d’urgence », ironise le quotidien. Et d'ajouter que la répartition des régions en deux zones, selon l’état épidémiologique, n’est pas figée et fait objet d’une actualisation chaque semaine. Du coup, «les villes de la zone 2 peuvent toujours passer leur examen de rattrapage et passer en zone 1». Mais trêve de plaisanterie. La situation économique est inquiétante et, souligne Assabah, plusieurs activités risquent de souffrir encore du prolongement de l’état d’urgence sanitaire.
Al Ahdath Al Maghribia s’attarde, quant à lui, sur les coulisses de la prise de décision du prolongement de l’état d’urgence. Une décision à laquelle, précise le quotidien, les ministères de l’Intérieur et des Finances sont favorables. Mais le ministère de la Santé, pour sa part, s’est montré plutôt réticent. 80 jours après l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et du confinement, les trois ministères qui gèrent le dossier de la pandémie n’étaient donc pas sur la même longueur d’onde concernant la question du déconfinement de la population, ajoute le journal. Le ministère de la Santé a ainsi mis en avant le risque d’une deuxième vague de contamination plus virulente que le système de santé, déjà fragile, ne pourra gérer. Les effectifs seront rapidement dépassés, d’autant que le nombre de lits, d'hôpitaux et d'installations militaires n’a connu aucun changement. La position du ministère est donc claire: pas de déconfinement dans l’immédiat.
De l’autre côté, les départements de l’Intérieur et de l’Economie et des finances ont adopté des positions convergentes, opposées à celle du département de la Santé. Le ministère de l’Intérieur a ainsi plaidé pour un assouplissement des mesures de l’état d’urgence avec le maintien du déploiement des effectifs de police, des forces auxiliaires et des agents d’autorité dans les villes. Le ministère des Finances a, quant à lui, mis en avant les énormes pertes de l’économie nationale à cause d'un confinement qu'il s'agit, au moins, d'alléger.
Il a donc fallu un arbitrage pour mettre d'accord les trois parties sur la formule de prorogation de l’état d’urgence sanitaire avec allègement partiel et progressif des mesures de confinement. Et ce, précise Al Massae dans son édition du même jour, «en donnant carte blanche aux walis et gouverneurs». Le quotidien fait évidemment allusion à cette disposition annoncée dans le communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur de la Santé, disposition selon laquelle l'assouplissement progressif des mesures de confinement sera soumis à une évaluation, dans les conditions requises par chaque préfecture et province. Cette évaluation sera menée par les commissions de veille et de suivi, présidées par les gouverneurs et les walis et composées de représentants du ministère de la Santé, des services extérieurs des départements ministériels concernés et des services de sécurité.
Ainsi et sur le plan local justement, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son numéro de ce jeudi 11 juin, les villes du Nord, qui se trouvent dans la «zone 1», s’apprêtent déjà à mettre en œuvre les mesures d’allègement du confinement, dans la perspective du démarrage de la saison touristique. En effet, les autorités locales organisent actuellement l’arrivée des touristes, aménageant les plages et l'espace public. Dans l’attente des premiers touristes, principalement nationaux, les autorités s’assurent également que les établissements touristiques respectent bien les mesures de sécurité sanitaires.