Elle n'aurait à aucun moment imaginé qu'elle allait être refoulée de l'aéroport international de Milan. A l'instar de ses camarades de classe, elle est née en Italie. Elle croyait avoir le même droit qu'eux et la possibilité de réaliser un rêve: apprendre l'anglais. Yasmine Aoubayen, 11 ans, ne savait simplement pas que le fait d'être née en Italie ne lui suffisait pas pour circuler (sans visa) en territoire européen.
Native d'Italie, elle n'avait droit qu'au passeport (vert) de ses parents immigrés et, a contrario de ses camarades de classe, elle était considérée comme une citoyenne hors-Union européenne! En un mot, elle n'avait pas la nationalité italienne. Une discrimination imputée au législateur italien et qui touche près d'un million d'enfants de parents immigrés en Italie! Une réalité qu'elle n'a pu apprendre que sur le tarmac de l'aéroport de Milan, où elle s'est vu signifier par la Police aux frontières qu'elle ne pouvait prendre l'avion pour Londres et que, même arrivée à destination, elle serait refoulée pour défaut de visa.
L'affaire n'allait pas s'arrêter à ce stade. Sa mère, prénommée Naïma, épaulée par le corps enseignant, n'y est pas allée de main morte. Elle tape aux portes de nos confrères italiens, qui font largement écho au cas de Yasmine. L'affaire ainsi médiatisée devient une affaire d'opinion publique en Italie, voire au-delà. L'impact est tel qu'il a fait palpiter le palais romain du nouveau président de la république d'Italie, Sergio Mattarella. "Un visa a pu finalement être obtenu par le palais Quirinale au profit de la petite Yasmine", annonce le quotidien italien à grand tirage "La Stampa", qui rapporte que la fille a pu enfin prendre l'avion pour Londres.
Une fin heureuse pour Yasmine et le début d'un combat pour enrayer une injustice qui touche la deuxième génération des immigrés et leurs enfants nés en Italie. "La Stampa", à l'instar d'autres confrères italiens, se réjouit que cette affaire ait à nouveau secoué le landernau politique italien et remis aux devants de l'actualité la nécessité d'en finir avec une discrimination qui n'aura que trop duré.