Le marché du transfert des corps de Marocains décédés est devenu très juteux pour certaines pompes funèbres italiennes qui ont accaparé les «Chambres de la mort» dans les hôpitaux. Ces sociétés bénéficient de la complicité de certains responsables travaillant dans des établissements marocains en charge du rapatriement des dépouilles. Ce scandale, qui a secoué l’opinion publique italienne, a révélé l’existence d’un véritable commerce de morts marocains dans plusieurs régions, notamment à Bologne. Il s’avère que des compagnies d’assurances marocaines ont signé des contrats avec des «réseaux criminels», au lieu de traiter avec des sociétés de pompes funèbres légales. Des carabiniers italiens ont ainsi réussi à démanteler deux réseaux qui monopolisaient les «Chambres de la mort» dans deux des hôpitaux principaux des villes de Sant’Orsola et Maiori. L’un des dirigeants de ces sociétés a été arrêté et incarcéré lorsque les gendarmes ont découvert qu’il était l’agent exclusif des clients de «Maroc assistance», société associée avec un établissement marocain qui exerce dans le domaine de l’assurance en Italie.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du Mercredi 30 janvier, que l’opération de la gendarmerie de Bologne a révélé de grandes connivences dans le monopole des marchés de transport des dépouilles et l’organisation des funérailles. Les Marocains résidant en Italie ont protesté contre la prédominance de ce cartel alors qu’il existe, dans cette région, des sociétés marocaines capables d’assurer, dignement, les obsèques de leurs proches. Le démantèlement des réseaux dits des «Chambres de la mort» a permis l’arrestation de plusieurs individus, la saisie de grosses sommes d’argent et la dissolution de sociétés illégales de transfert des dépouilles.
Une source marocaine proche de ce dossier indique que les autorités judiciaires ont pris plus de 30 mesures préventives, incarcéré 9 personnes, mis en résidence surveillée 18 individus et fermé 3 pompes funèbres illégales. Plus de 300 carabiniers italiens ont effectué 43 perquisitions chez les mis en cause, ce qui leur a permis de saisir divers biens d'une valeur estimée à 13 millions d’euros. Ils ont pu mettre la main sur les deux grosses têtes qui dirigeaient ces deux organisations criminelles qui se partageaient le marché de la mort. Les MRE vivant en Italie s’interrogent sur le rôle d’un établissement marocain, connu en Italie, qui «sous-traite» les Marocains décédés à la société «RIB service-SA» dont le propriétaire a été incarcéré et accusé de diriger un réseau criminel. Autant dire que, durant plusieurs années, une organisation criminelle s’est chargée du transfert des dépouilles de Marocains affiliés à «Maroc assistance». L’enquête révèle que c’est un Marocain, bien connu en Italie, qui jouait le rôle d’intermédiaire et qui, de plus, a escroqué plusieurs sociétés de pompes funèbres dans ce pays.