Guerre des sexes: La reconfiguration d’une société patriarcale

DR

Revue de presseKiosque360. La société marocaine est en pleine ébullition. La parenthèse de liberté ouverte par les paraboles a été agrandie avec les nouvelles technologies de l’information. La femme se libère et l’homme, habitué à certains repères dépassés, ne sait plus à quel saint se vouer.

Le 20/12/2014 à 00h18

C’est un voyage introspectif auquel se livre l’hebdomadaire Telquel dans sa dernière édition. Fortement documenté, fruit d’une recherche sur le terrain, le dossier intitulé « Le blues des hommes », crée des brèches dans bien des citadelles de préjugés et constantes qui n’ont plus de la constance que le nom. L’émancipation de la femme marocaine a fait perdre aux hommes leur latin, au point que certains se sentent floués et se vengent en harcelant les femmes dans la rue. D’autres adoptent une position extrême ou une attitude conservatrice.

Les hommes envahis

Ce qui est considéré comme « l’invasion du deuxième sexe » a déclenché un pas de deux. « Un pas en avant, un pas en arrière, et ainsi de suite. C’est une sorte de danse entre liberté et domination », souligne la sexologue Amal Chabach. Mieux encore, selon le sociologue Jamal Khalil, « harcèlement et injures sont une réaction à ce phénomène de conquête de l’espace public par les femmes ». Lutte pour des territoires aux contours mal définis, constamment en mouvement, la relation hommes-femmes n’est pas au beau fixe. Loin s’en faut. Cette confrontation n’a pas lieu que dans la rue ou le lieu de travail, il existe aussi au quotidien au sein des couples.

Couples sous haute tension

Selon Telquel, le couple est un haut lieu de tension. Les femmes se sont appropriées leurs corps, elles ne se considèrent plus comme chasses-gardées et n’entendent pas être perçues ainsi. Et si les femmes ont évolué, l’homme, lui, stagne. « C’est vrai qu’on ne sait plus ce qu’on veut. (…) Les femmes semblent plus modernes dans leur intimité », avoue Mehdi, un jeune trentenaire. En effet, les femmes ne revendiquent plus un bon parti, mais aussi le droit au plaisir. Parfois les hommes réagissent mal et ne savent plus quoi faire. Demeurer macho ou adopter une autre attitude. En réaction à la libéralisation des mœurs, la société cherche une solution dans le conservatisme. Entre vent d’Est et vent d’Ouest, la société marocaine moderne se cherche encore. Les contours futurs de celle-ci seront définis par l’issue de cette relation, entre mal-être et ambivalence.

Par Amine Haddadi
Le 20/12/2014 à 00h18