De l’avis même des observateurs étrangers, le Maroc a pris les devants par rapport à d’autres pays occidentaux en prenant des mesures préventives strictes dès que le coronavirus a commencé à se propager dans le monde. Mais tout le monde sait que c’est la prise en charge des malades qui va poser problème si le virus commence à disséminer comme c’est le cas en Europe et aux Etats-Unis. Le secteur de la santé ayant toujours été le parent pauvre du budget de l’Etat même si depuis quelques années, il a commencé à se doter de nouvelles structures.
Mais malheureusement, l’offre demeure très en deçà des besoins tant au niveau des centres hospitaliers que des ressources humaines. Selon les chiffres du ministère de la Santé, seuls 12.034 médecins, 31 657 auxiliaires de santé et 3.773 techniciens exercent dans le service public, auxquels il faut ajouter 13.545 médecins du secteur privé. Du coup, le Maroc compte un médecin pour 1.563 habitants et se classe 78e à l’échelle mondiale loin de la Tunisie (50e) avec un médecin pour 750 habitants et l’Algérie (59e) avec un médecin pour 900 habitants.
Cette carence est tout aussi criante dans le domaine des infrastructures hospitalières. En effet, le royaume compte à peine 838 centres hospitaliers dans le milieu urbain, 1.274 dans le milieu rural et 149 hôpitaux dotés de 29.931 lits. Conscientes de cette insuffisance au niveau des capacités hospitalières, les autorités publiques ont anticipé les mesures préventives dès que le covid-19 a commencé à se disséminer, notamment en Italie où résident près de 750.000 Marocains et en Espagne qui en compte autant. Un comité national de pilotage a été créé pour surveiller le développement de cette pandémie. Dès le 6 mars, le directeur des épidémies au sein du ministère de la Santé, Mohamed Youbi, a exposé les étapes du plan national pour lutter contre le covid-19.
L’hebdomadaire Al Ayyam rapporte, dans son édition du 26 mars au 1er avril, que Youbi a indiqué que selon les prévisions élaborées par une commission médicale et technique, le Maroc peut enregistrer jusqu’à 10.000 cas positifs s’il arrive au stade 3. Le responsable a toutefois exclu le scénario catastrophe d’une épidémie à l’échelle nationale même si, depuis, le nombre de personnes contaminées et des décès n’a pas cessé d’augmenter.
Les responsables gouvernementaux et à leur tête le ministère de la Santé semblent confiants quant aux moyens mis en place pour lutter contre le coronavirus. Le ministre Khalid Ait Taleb affirme que les autorités sanitaires disposent de 44 hôpitaux réservés à accueillir les malades atteints par le coronavirus. La même source souligne que le Maroc a renforcé ses structures sanitaires par 32 centres de consultation spécialisés et dispose d’une capacité suffisante en services de réanimation pour accueillir les cas les plus graves. Dans le détail, ajoute le ministre, le Maroc dispose de 1.640 lits de réanimation dont 684 dans le secteur public, 504 dans le secteur privé et 70 dans les services militaires. Des chiffres qui demeurent très en deçà des besoins d’une population de près de 40 millions.
D’autant que le budget du ministère de la Santé arrive à la 5e place dans le budget général de l’Etat avec un peu plus de 15 milliards de dirhams. Encore faut-il préciser que la masse salariale des fonctionnaires absorbe plus de 11 milliards de dirhams. La création par le roi Mohammed VI du fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus vient combler, à juste titre, ces insuffisances. La priorité de ce fonds, qui a atteint 30 milliards de dirhams, sera donnée au secteur de la santé qui sera doté des moyens nécessaires pout mettre à niveau les équipements et les infrastructures indispensables à la lutte contre la pandémie.
Ce fonds servira aussi à alléger l’impact social et économique de l’épidémie sur les travailleurs qui ont perdu leurs emplois ainsi que sur les entreprises en difficulté. Ainsi, tous les salariés en arrêt d’activité bénéficieront d’une indemnité mensuelle de 2000 dirhams nets, des allocations familiales et des prestations de l’AMO. Ils pourront également bénéficier d’un report de remboursement des crédits bancaires. Les entreprises bénéficieront d’une suspension des charges sociales et d’un moratoire pour le remboursement des échéances de crédits bancaires ainsi que de certaines dérogations fiscales jusqu’au 30 juin 2020.