La vice-présidente de l’arrondissement de Beni Makada, à Tanger, vient d’être mise sous mandat de dépôt sur ordre du juge d’instruction. L’élue commune est poursuivie dans une affaire de visas, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 6 juillet. Également gérante d’une agence de voyage, cette élue communale fait partie d’un réseau de trafic de visas. Un scandale qui a éclaté dernièrement au consulat général d’Espagne à Tanger.
D’après le quotidien, immédiatement après avoir interrogé l’élue, le responsable de communication au sein du Conseil de la ville et, bien sûr, entendu la plaignante, le procureur du roi a décidé de déférer l’affaire devant le juge d’instruction. Ce dernier a ordonné, de suite, la mise de l’élue communale en détention préventive et décidé de poursuivre les autres membres du réseau en état de liberté provisoire.
Citant des sources de l’enquête, le quotidien affirme que la plaignante, originaire d’Azemmour, aurait reçu «des garanties» pour l’obtention d’un visa de séjour en Espagne, moyennant le paiement d’une commission. Elle a ainsi remis plusieurs sommes d’argent à l’élue communale. En contrepartie, cette dernière devait mettre le nom de la plaignante sur une liste adressée à la commune afin de lui faciliter les démarches. Sauf que le stratagème n’a pas fonctionné, pour des raisons que l’enquête va sans doute dévoiler, précise le quotidien.
La victime va finalement déposer plainte pour escroquerie après avoir perdu une somme de 150.000 dirhams dans cette affaire. Le dossier ne manquera pas de connaître de nouveaux rebondissements, poursuit Al Akhbar. Le consulat général d’Espagne vient, en effet, de déposer à son tour une plainte contre la même élue devant le tribunal de première instance.
Au total, l’élue communale fait face à trois plaintes, dans la même affaire. La première est déposée par la victime et la deuxième par le consulat. En réalité, ce sont des employées du consulat qui l’ont déposée. Les deux fonctionnaires affirment dans leur plainte avoir été associées à cette affaire et exigent des dommages et intérêts pour le préjudice subi. La troisième plainte vient du ministère public qui s’est saisi de l’affaire juste après l’éclatement de ce scandale de trafic de visas et, surtout, son étendue internationale.
C’est, en effet, la presse espagnole qui a révélé pour la première fois l’existence, depuis plusieurs années, d’un réseau de fraude aux visas. Ce dernier facilite également l’entrée des citoyens marocains en Espagne et dans les autres pays de l’espace Schengen. En conséquence, le ministère espagnol des Affaires étrangères a ouvert une enquête sur ce réseau pour «corruption présumée dans la vente frauduleuse de visas Schengen au sein du consulat général d’Espagne à Tanger».