Après la disparition de Jacques Vergès, l’icône des barreaux de France, le vide qu’il a laissé a été vite rempli… au Maroc. C’est désormais Maître Eric Dupond Moretti qui a aujourd’hui trouvé grâce aux yeux des Marocains.
Si le premier, de renommée mondiale, s’est surtout rendu célèbre par ses plaidoyers qui ont conduit à innocenter Omar Raddad (le jardinier du non moins célèbre écrit accusateur, «Omar m’a tuer»), Moretti est devenu un visage familier des Marocains depuis qu’il s’est illustré dans l’affaire de chantage contre le palais, impliquant les journalistes Eric Laurent et Catherine Graciet, avant de prendre en main le dossier de Saâd Lamjarred, qu’il vient de sortir de prison.
Dans une interview exclusive qu’il a accordée à l’hebdomadaire «TelQuel», daté du 5 au 11 mai, il fait le point sur le dossier du jeune chanteur, actuellement en liberté provisoire à Paris. Selon l’avocat français, la présomption d’innocence du chanteur marocain ne doit pas cacher sa «présomption de culpabilité», jusqu’à preuve du contraire. En effet, le problème consiste toujours, du moment qu’il y avait eu consentement entre deux adultes à aller ensemble dans une même chambre, à savoir qui a violenté qui. «Un certain nombre d’examens… sont favorables à (la version de) Saâd Lamjarred», dit Me Moretti. Ce dernier ajoute que personne ne peut culpabiliser ni innocenter le chanteur, du moment qu’aucun témoin n’a assisté à la scène. Selon lui, un «procès se déroule dans un tribunal», et non sur Internet, condamnant ainsi les réseaux sociaux qui tentent, à travers des «rumeurs», d’influencer négativement les magistrats en charge de cette affaire.
Par ailleurs, Moretti dit avoir été gêné, le jour de l’audience qui allait sceller la liberté provisoire de Lemjarred, par la fête des fans qui a transformé le palais de justice en «Festival de Cannes». Pour lui, cette exultation prématurée aurait pu renvoyer aux calendes grecques la libération de son client. Mais il dit comprendre le clip triomphal sorti par le chanteur, immédiatement après sa libération, et qu’il justifie par sa volonté d’oublier «les conditions difficiles de sa détention».
Concernant l’affaire de l’Américaine qui aurait porté plainte pour agression sexuelle contre Lemjarred, Moretti a affirmé que la plaignante a retiré sa plainte et que la procédure de poursuites s’est définitivement arrêtée.
Sur un autre plan, Moretti a reconnu que son implication dans la défense de certains dossiers marocains lui a attiré une grande sympathie de la part des Marocains, surtout en France où ils le reconnaissent entre mille. Une sympathie partagée, et empreinte de respect, conclut-il.