Le colloque international sur l'éducation nationale organisé en fin de semaine dernière par la Fondation Zagoura à l'initiative de Nourredine Ayouch revient à la Une ce week-end. En effet, dans son édition de samedi 12 octobre, Akhbar Al Yaoum -qui a suivi de près l'événement- revient sur le sujet, mais cette fois-ci à travers une interview du principal concerné, à savoir Ayouch himself. D'emblée, le journal interroge le président de la fondation sur l'absence de celui qui était encore ministre de l'Education nationale, à savoir Mohamed El Ouafa, à cet événement d'envergure auquel, rappelons-le au passage, avaient assisté deux conseillers du roi, Fouad Ali El Himma et Omar Azziman. Sans oublier Mohamed Kabbaj, ancien conseiller du souverain. Réponse de Ayouch : "Nous n'avons pas invité El Ouafa, parce qu'il était un ministre en exercice, et nous ne voulions pas lui causer des problèmes par respect pour sa personne, sachant que cette rencontre portait essentiellement sur le travail de la société civile. Et de préciser : "Nous voulions avoir toute la liberté de discuter loin du gouvernement". Voilà donc qui est dit !
Benchmark international
Ayouch note également que cette rencontre était prévue bien avant le discours royal du 20 août dernier. Pour rappel, ce jour-là, le roi Mohammed VI avait ouvertement réprimandé le gouvernement Benkirane au sujet de l'Education nationale. "Nous avons visité quelques pays pour prendre connaissance de leur expérience en matière d'enseignement et d'éducation", ajoute plus loin Ayouch, faisant notamment référence à la Turquie, la Jordanie et la Finlande. Et de poursuivre : "Nous avons rencontré des ministres de l'Education et nous avons écouté leurs conseils pour faire face aux problèmes que nous affrontons dans ce domaine". Ce benchmark international aura donné, semble-t-il, une vision claire des besoins du Maroc à cet acteur associatif en ce qui concerne l'enseignement. Pour Ayouch, le Maroc ne doit pas opter pour "un ministre de l'Education qui soit politique. Il faut choisir un ministre efficace, qui dispose des compétences nécessaires et qui soit prêt à travailler avec la société civile. C'est pourquoi le ministre de l'Education nationale peut être apolitique".
En ce qui concerne le problème de la langue, Ayouch estime que "la première langue que doivent apprendre les enfants marocains est le dialecte marocain (darija). C'est après que viennent les autres langues". "Dans les pays développés, lorsque l'enfant va à l'école, c'est avec sa langue maternelle qu'il apprend", ajoute-t-il. Autre mesure importante aux yeux de Ayouch : "lier l'enseignement au marché du travail". Cela commence dès l'école primaire, insiste Ayouch, avant le secondaire et la formation professionnelle qui doit servir d'expérience aux élèves qui ne poursuivent pas leurs études. Décidé à s'impliquer pour la remise à niveau de l'Education nationale, Ayouch achève son interview en lançant un appel au nouveau président du Conseil supérieur de l'enseignement. Et pas n'importe quel appel ! Dans ses déclarations, il demande en effet à Omar Azziman de "surveiller le ministre de l'Education nationale en matière de politique éducative, et qu'il veille à mettre en application le plan de réforme du secteur".
Un appel loin d'être anodin dans le contexte actuel. En effet, difficile de ne pas donner une lecture politique à cette sortie, au lendemain de l'annonce du nouveau gouvernement, de celui que l'on présente comme le prochain "Monsieur éducation nationale". En effet, quelques jours auparavant, le même journal, Akhbar Al Youam, laissait entendre que Nourredine Ayouch aura la mission de s'assurer du bon déroulement de la réforme du secteur. Et la présence à "son" colloque de Omar Azziman, récemment nommé président du Conseil supérieur de l'enseignement, est un signal fort. Un signal auquel s'ajoute également la nomination jeudi d'un nouveau ministre de tutelle à savoir Rachid Benmokhtar connu par sa connaissance fine du secteur. Avec ce trio de choc, c'est un nouveau souffle que l'on souhaite insuffler à l'Education nationale. C'est que l'éducation au Maroc est, depuis des années, un grand corps malade qui n'a toujours pas trouvé de traitement adéquat. Benmokhtar, Ayouch et Azziman, sauront-il concocter le bon remède ? Wait and see !