Des policiers impliqués dans des enlèvements en série

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Revue de presseKiosque360. A Rabat, quatre inspecteurs de police ont été transférés devant la chambre criminelle du tribunal de première instance pour répondre de plusieurs chefs d’accusation: constitution d’une bande criminelle, enlèvement, torture, demande de rançon et abus de pouvoir.

Le 30/10/2014 à 23h10

L’affaire, qui a éclaté il y a un an, a ébranlé le corps de la police nationale. Les prévenus, dont le nombre s’élève à 20, sont poursuivis pour des chefs d’inculpation lourds: constitution d’une bande criminelle, kidnapping, torture, demande de rançon et trafic international de drogue. Selon Assabah dans son édition du 31 octobre, quatre inspecteurs de police ont déjà été transférés devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Rabat. L’affaire, dont les ramifications s’étendent jusqu’en France, est une histoire de règlement de compte entre barons de la drogue. Tous sont de nationalité française. Quant au mystère des enlèvements de personnes d’origine maghrébine de nationalité française, il a été élucidé par le bureau national de lutte contre le trafic de drogue. Son investigation a dévoilé l’implication des policiers dans la supervision des opérations de kidnapping. Ces derniers, ayant été sollicités afin d’exécuter des enlèvements et d'arranger des demandes de rançon, sont devenus complices des forfaits des narcotrafiquants.

Selon Assabah, les accusés ont nié devant le juge d’instruction tout ce qui leur a été reproché. Ce dernier s’est basé, pour inculper l’un des inspecteurs arrêtés, sur les enregistrements vidéos de la caméra d’une station-essence du boulevard Hassan II, à Rabat, dans laquelle il s’était arrêté pour faire le plein avec l’une des victimes kidnappées. Assabah apporte des détails sur les différentes opérations d’enlèvement perpétrées par les accusés. Le premier enlèvement concerne un gros bonnet de la drogue, enfermé par les prévenus dans les environs du complexe administratif de l’Agdal. Des heures durant, les inspecteurs de police ont mené des négociations avec la victime pour sa libération, moyennant 1 million de dirham. Il a finalement réussi à les semer à Bouznika, leur faisant croire que ses acolytes les attendraient sur place avec la somme demandée.

Un citoyen portant la nationalité française a ensuite été enfermé successivement pendant trois jours dans les environs de Ben Slimane et quatre jours dans une ferme à Tiflet. La victime a été relâchée après avoir payé trois millions de dirhams à ses ravisseurs. Un troisième enlèvement commandité par les narcotrafiquants a été exécuté. La victime a été enlevée à Salé puis transférée à Hay Ennahda, avant d'être relâchée après le versement de la bagatelle de 500.000 DHS. Une quatrième victime, un narcotrafiquant, capturé par cette bande criminelle après une course poursuite sur la route d’Azemmour à Casablanca, a été remis en liberté, quelques jours plus tard, après s’être avéré incapable de verser la somme faramineuse de 10 milliards de dirhams que lui réclamaient ses kidnappeurs. Le procès des policiers incriminés dans cette affaire débute lundi prochain à Rabat.

Par Asmaa El Kezit
Le 30/10/2014 à 23h10