Paradoxalement, alors que le Royaume est confronté à une canicule persistante, des orages d’une intensité inhabituelle pour la saison se sont abattus durant trois jours consécutifs (dimanche, lundi et mardi) sur une large bande allant de la région de Marrakech aux provinces de l’Atlas et du Sud-Est: Ouarzazate, Tinghir, Azilal, Errachidia et Boulemane. Ces pluies orageuses, indique le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 7 août, ont provoqué d’importantes inondations, des coulées de boue et des glissements de terrain qui ont paralysé la circulation et causé des dégâts matériels considérables.
L’un des points névralgiques de cette crise a été le col de Tizi n’Tichka, axe vital entre Marrakech et Ouarzazate. Mardi, de nombreux voyageurs s’y sont retrouvés bloqués pendant plusieurs heures, voire la nuit entière, en raison de la montée soudaine des eaux et des éboulements rocheux.
La situation a été particulièrement critique dans la commune de Tidili, dans la province de Ouarzazate, où les crues ont submergé routes et habitations, emportant tout sur leur passage.
Des images partagées sur les réseaux sociaux témoignent de la violence des flots: des voitures coincées, des ponts effondrés et des torrents boueux charriant rochers et débris. À Tinghir, Boulemane et Errachidia, plusieurs douars ont été complètement isolés, tandis que les autorités peinaient à accéder aux zones les plus touchées.
Au-delà de la désorganisation du trafic et des coupures d’accès, c’est le monde rural qui paie un lourd tribut. Dans les vallées de l’Atlas, les crues ont provoqué la destruction de nombreuses cultures, pilier de l’économie locale. À Aït Bouguemez, dans la province d’Azilal, les orages et la grêle ont dévasté les vergers de pommes, les champs de pommes de terre et de menthe, principales sources de revenus pour les habitants, lit-on.
Le douar Aït Ouahm, tout comme ceux de Zaouia et El Mezy, a été particulièrement éprouvé. Le débit violent de l’oued Aït Hakem a emporté les terres agricoles riveraines, anéantissant plusieurs mois de travail. Pour les familles de ces zones enclavées, déjà fragilisées par le manque d’infrastructures, les pertes sont lourdes.
Pourtant, souligne Assabah, les services météorologiques avaient tiré la sonnette d’alarme. Dès lundi, la Direction générale de la météorologie avait publié des bulletins d’alerte annonçant une vague de chaleur extrême jusqu’à vendredi, mais également des orages localisés avec chute de grêle et rafales de vent dans plusieurs provinces. Le niveau d’alerte avait été élevé à orange, synonyme de risque important.
Les autorités locales ont, de leur côté, multiplié les messages de prudence, fermé temporairement certains axes routiers jugés dangereux et mobilisé les forces de sécurité (police, gendarmerie, forces auxiliaires), ainsi que les équipes de la protection civile.
Ces événements soulignent une nouvelle fois la vulnérabilité accrue des régions montagneuses et semi-arides marocaines face aux phénomènes climatiques extrêmes. Longtemps considérées comme rares et imprévisibles, les crues éclairs tendent désormais à devenir plus fréquentes, notamment dans les zones où la sécheresse alterne brutalement avec des précipitations intenses.
Selon des experts cités par le quotidien, cette configuration est typique des effets du changement climatique, qui accentue les contrastes saisonniers et désorganise les régimes pluviométriques. Les fortes chaleurs, en saturant l’atmosphère en humidité, peuvent favoriser des épisodes orageux violents même en été, période généralement plus sèche.
Malgré l’intensité des intempéries et les pertes économiques enregistrées, les autorités ont précisé qu’aucune victime n’était à déplorer. Une coordination rapide des services de secours et la vigilance de nombreux conducteurs, qui ont préféré s’arrêter face à la montée des eaux, ont sans doute évité un bilan plus dramatique.








