Un premier suspect accusé d’abus sexuels sur des Marocaines employées dans les champs de fraises de Huelva (sud de l’Espagne) a été arrêté, vendredi 25 mai.
Agé de 47 ans et de nationalité espagnole, le suspect était chargé de la supervision des travailleuses temporaires pendant leur journée de travail. Il a été entendu par la police, avant d’être libéré sous caution.
Cette arrestation intervient quelques jours après la diffusion d’une enquête exclusive par Buzzfeed News German, premier média à mettre la lumière sur cette affaire.
Le site d'information "El Español" a ensuite diffusé les témoignages de huit femmes marocaines qui dénoncent les agressions physiques, les mariages forcés et les abus sexuels dans les exploitations agricoles espagnoles. Habiba (les prénoms ont été changés), 37 ans, divorcée et mère de quatre enfant, fait partie des 17. 000 femmes marocaines qui sont allées cueillir les fraises cette année à Huelva.
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En avril 2017 et dès son arrivée à la ferme, elle a dû faire face aux agressions sexuelles de son supérieur, nous apprend le média espagnol. "Ils savent que nous sommes pauvres, que nous avons des enfants, que beaucoup d’entre nous sont divorcées ou veuves. Ils nous font chanter et nous menacent d’expulsion du travail si nous ne cédons pas à leurs désirs sexuels. Dans les fermes, ils nous touchent, nous frappent, nous insultent…". Et de poursuivre: "Dans les chambres, ils nous obligent à avoir des rapports sexuels avec eux et de nous taire si l'on ne veut pas être expulsées. Ils nous amènent du Maroc pour que nous soyons leurs esclaves sexuelles".
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Le 28 avril 2018, Leila, 36 ans, a failli être violée par Manuel, son supérieur âgé de 78 ans. "Manuel est entré en colère. Il lui a donné des coups de pied, l'a frappée et insultée. Il a également sorti un couteau et lui a causé plusieurs blessures.", relate El Espanol. "Comme vous me dénoncez, je vais vous tuer", a-t-il dit en l'attaquant. Je suis déjà vieux et je n'ai rien à perdre. Je vais appeler mon ami qui t'a trouvé un boulot et tu ne travailleras plus.".
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Laila a réussi à s'échapper de la maison et à se présenter à la garde civile. Le 30 avril, un tribunal a condamné Manuel pour maltraitance, l'a empêché de détenir des armes pendant huit mois avec ordonnance restrictive à l'encontre de Laila. Il a également été condamné à verser à Leila 252 euros pour dédomagement, précise El Español.
Autre histoire relayée par le média espagnol est celle de Fatima, 36 ans, mère de famille originaire de Beni Mellal.
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Arrivée en mars 2017, cette travailleuses agricole prétend avoir été chantée par son chef qui lui a confisqué son passeport en échange de rapports sexuels.
Deux mois après, elle réussit à prendre la poudre d’escampette après avoir convaincu son supérieur de formaliser leur relation et récupéré son passeport. Ce n'est pas tout! Chania Rabia, 45 ans, veuve originaire de Tanger, mère de trois enfants, part à la cueillette des fraises à Huelva depuis cinq ans maintenant.
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Dans son témoigne à El Espagnol, la dame raconte, à visage découvert, comment un ami de son chef la menaçait de la renvoyer si elle refusait d’avoir des relations sexuelles avec lui. Quatre autres témoignages de saisonnières marocaines sont racontés par le site dans son enquête.
En réaction à ces témoignages chocs, le ministère de l’Emploi et de l’insertion professionnelle espagnol a démenti via un communiqué dévoilé le 19 mai, "toute violation contre les ouvrières marocaines", indiquant qu'une délégation maroco-espagnole s’est rendue les 10 et 11 mai derniers à Huelva, dans le sud-ouest de l’Espagne, pour "s’enquérir des conditions de travail et de séjour" des travailleuses saisonnières marocaines.
Le ministère précise que "les conditions de travail des ouvrières marocaines illustrent la conformité du contrat de travail conclu entre les deux parties aux législations nationales en vigueur, et à la convention collective signée entre le gouvernement et les professionnels du secteur de la fraise".
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